L’ignoble mensonge sur la tragédie de Hillsborough

- - -
Le 15 avril 1989, peu après le coup d’envoi d’un Liverpool-Nottingham en Coupe d’Angleterre, un mouvement de foule dans le stade de Hillsborough à Sheffield provoque la mort de 95 personnes (une dernière victime survécut quatre ans dans le coma avant de décéder). Depuis 23 ans, les familles des « 96 » se battent pour faire éclater la vérité au sujet des causes réelles de la terrible bousculade, attribuée, pendant des années, au comportement des supporteurs. Ce mercredi, une commission indépendante mandatée par la chambre des Communes, a rendu son rapport. Et ses conclusions sont pour le moins troublantes.
Les supporters de Liverpool étaient-ils ivres et violents ?
Au lendemain de la tragédie, le Sun de Rupert Murdoch titre « La vérité » et explique, sur la foi d’informations fournies par la police, que le drame doit être imputé aux fans eux-mêmes. Les supporteurs y sont décrits comme alcoolisés, violents, volants les morts, leur urinant même dessus.
Ce que dit le rapport :
Après l’étude de plus de 450.000 documents, la commission a conclu que « les fans de Liverpool n’ont ni causé, ni contribué à la mort des 96 hommes, femmes et enfants ». Bien que le médecin légiste ait demandé les analyses des taux d’alcoolémie du sang de toutes les victimes -poussant même le « professionnalisme » jusqu’à tester les enfants- il semble clair, aujourd’hui, que l’alcool n’a pas joué dans le drame le rôle originellement attribué par la police.
Le nombre de morts aurait-il pu être moins important ?
A l’issue de Hillsborough, les autorités médicales assurent que les 95 morts (ainsi que Tony Bland, alors dans le coma) succombèrent toutes avant 15h15. Il n’était donc plus nécessaire de leur porter secours immédiatement une fois cette heure passée.
Ce que dit le rapport :
Seul problème, près de la moitié des victimes d’asphyxie étaient encore en vie à 15h15. 41 personnes auraient donc pu être sauvées si le mécanisme des premiers secours avait fonctionné correctement. « Les archives ouvertes et analysées par le panel montrent que le drame n’aurait pas dû avoir lieu ». Sur ce point encore, le jugement du rapport est sans appel…
Les premières enquêtes furent-elles menées correctement ?
Par la voix de son porte-parole, le révérend James Jones, évêque de Liverpool, le panel livre une de ses plus importantes révélations : les autorités ont tout fait pour que leur responsabilité ne soit jamais liée au drame. « Il y a eu de clairs échecs opérationnels en conséquence de quoi il y eu une vigoureuse volonté de faire porter le chapeau aux supporters. » Le volume de 394 pages rapporte, par exemple, que la police du Sud-Yorkshire de l’époque est désormais convaincue de falsification de procès-verbaux. 164 ont en effet été truqués, dont 116 afin de modifier divers commentaires défavorables. Pire encore, Margaret Thatcher, premier Ministre de l’époque, confia, lors d’une réunion de cabinet, que les premiers retours sur l’enquête contenaient des « critiques dévastatrices concernant la police ». 23 ans plus tard, ce mercredi matin devant la chambre des Communes, David Cameron s’est excusé au nom du gouvernement britannique.