L’Uruguay, la 15e rugissante

Diego Forlan - -
Cette fois, il n’a rien pu faire. Il a pourtant bien tenté de retarder l’échéance, comme il l’avait fait contre le Brésil, en quart de finale et contre le Venezuela, en demies. Il a bien essayé de ressortir sa tunique du héros, du dernier rempart infranchissable, sur lequel l’Uruguay se serait cassé les dents 120 minutes durant… pour offrir aux siens une énième séance de tirs au but. Malheureusement pour Justo Villar, décisif d’entrée devant Luis Suarez (2e) et une tête à bout portant de Diego Lugano (3e), l’état de grâce n’a pas duré. Largement dominé par la Celeste, le portier d’Estudiantes La Plata a fini, comme les siens, par craquer (2-0). Et laisser la sélection guarani accrocher sa 15e Copa America. Un record.
L’Uruguay a finalement appliqué à la lettre ce que son ancienne gloire, Enzo Francescoli, capitaine de la dernière génération à avoir soulevé le trophée (1995) lui avait conseillé : marquer des buts. Pour cela, les hommes d’Oscar Tabarez ont pu s’en remettre à l’infernal Luis Suarez, désigné meilleur joueur de la compétition (4 buts) et bien aidé par l’involontaire Veron sur l’ouverture du score (15e),. Mais aussi sur le réveil – et quel réveil ! – de leur guide Diego Forlan, auteur tout d’abord d’une frappe magnifique sous la barre de Villar (42e), avant de récidiver dans le money-time (90e).
Forlan se réveille
Un événement pour le joueur de l’Atlético Madrid, muet depuis la défaite des siens lors du match pour la 3e place du dernier Mondial (3-2). Altruiste et disponible depuis le début de la compétition, le grand blond a prouvé dimanche que lorsque la situation l’exigeait, il savait répondre présent. Et quoi de mieux qu’une finale pouvant accoucher sur une performance historique en Copa America pour le faire ?
Quinze titres. Loin devant le Brésil (8) et juste devant l’Argentine (14), les deux ténors attendus de l’épreuve. Surtout le deuxième, pays-hôte de la compétition. Le Paraguay, lui, aurait pu inscrire son nom une troisième fois au palmarès. Mais il aurait fallu pour cela que l’audace entrevue en seconde période – frappe sur la barre de Nelson Valdez (54e) – fasse des petits. Il n’en a rien été, malgré une grosse poussée de la part de l’Albirroja à l’heure de jeu. Le Paraguay ne réalisera pas le pari fou de triompher sans avoir vaincu une seule fois. Le destin, n’en déplaise à Villar et aux siens, avait choisi un autre camp.