La froide vengeance de Maradona

Après la qualification de l'Argentine hier au Mondial 2010, le sélectionneur a déversé son fiel sur les médias de son pays. - -
Diego Maradona ne doute de rien. Et surtout pas de lui. Après la victoire hier soir de l’Argentine face au Pérou (2-1), l’icône vivante du football argentin avait glissé sur le ventre pour manifester sa joie. Cette fois, une fois la qualification directe pour le Mondial 2010 acquise aux dépens de l’Uruguay (1-0), el Pibe de Oro a fêté l’événement avec plus de sobriété… mais pas moins d’audace.
N’était-ce pas lui qui vociférait sa joie dans les bras de Carlos Bilardo, le secrétaire technique de la sélection, en larmes au coup de sifflet final ? Les deux hommes, bras dessus, bras dessous mercredi soir, étaient pourtant en froid. « La presse a raconté n’importe quoi à notre sujet », a déclaré Diego Maradona à l’issue de la rencontre. La presse justement. Le sélectionneur albiceleste lui a adressé un véritable tacle après le match. « Je m’adresse à ceux qui n’y ont pas cru et je m’excuse auprès des dames… vous n’avez qu’à venir me sucer. A tous ceux qui m’ont maltraité, venez me sucer ! »
Maradona n’a pas goûté le déchaînement médiatique dont il a fait l’objet ces derniers mois. Les quotidiens argentins ne l’avaient pas loupé, se moquant ouvertement de lui avec quelques gros titres : « A quand la fin de la blague Maradona ? » Ce dernier jubile aujourd’hui. « Mes joueurs ont joué comme des hommes et m’ont confirmé en tant qu’entraîneur, a confié El Diez, tout sourire en conférence de presse. Cette qualification, je la dédie à tout le peuple argentin et seulement à lui. Pas aux journalistes. »
Si les joueurs ont fêté avec euphorie leur victoire sur l’Uruguay presque « comme un titre », comme l’écrivait en gras le quotidien Olé dans son édition de jeudi, les supporters ne sont pas dupes. Une qualification pour la Coupe du monde, c’est le minimum syndical pour une formation rompue aux joutes internationales comme l’Argentine. El Pibe de Oro en est bien conscient. Il avait d’ailleurs reconnu récemment « qu’il n’était pas le meilleur entraîneur du monde. » Mais la qualification le place désormais en position de force, notamment concernant son avenir.
Sera-t-il encore à la tête de la sélection en 2010 ? « Je dois discuter avec Julio Grondona (le président de la Fédération argentine, ndlr) » répond-il brièvement sur le sujet. Maradona le sait. Avec ou sans ses compétences, l’Argentine a composté son billet pour l’Afrique du Sud. Ses oreilles devraient un peu moins siffler ces prochains mois.