Le choc après la mort de Brice Taton

Des bougies ont été déposées devant le bâtiment suite à l'annonce de la mort du supporter toulousain Brice Taton. - -
Ils sont plusieurs dizaines devant le Stadium de Toulouse. Tous supporters du TFC, ils viennent d’apprendre la mort d’un des leurs. Silencieux, le visage fermé, ils tiennent à rendre hommage à Brice Taton. « Jamais nous n’aurions imaginé une issue pareil », confie Laura la voix tremblante. La jeune femme est membre des Indians, le club de supporters dont Brice Taton faisait partie depuis 2001. Elle le connaissait depuis dix ans. « Pour ses amis et sa famille, il fallait rester positif, ajoute-t-elle. Il était plein de vie, profondément gentil… » Elle ne peut retenir ses larmes.
Depuis l’annonce de ce décès, la solidarité qui anime le club toulousain et ses supporters est poignante. Le site « alleztfc.com » recueille ainsi des messages de condoléances pour la famille. La plupart des contributeurs se déclarent « catastrophés ». Tous réclament « justice ».
A l’occasion de la réception de Lorient, dimanche à 17 heures, le club a décidé de rendre un hommage exceptionnel à son supporter en mettant à disposition des places gratuites. « En échange, chaque supporter pourra librement faire un don à la famille afin de la soutenir dans cette terrible épreuve. » « Je ne ressentais pas le besoin d’aller au Stadium, assure Sophie, une supportrice du TFC. Mais je vais y aller pour lui, sa famille et ses proches. »
Ni les joueurs, ni les dirigeants du club n’ont souhaité s’exprimer. Alain Casanova a été prévenu pendant la séance d’entraînement du matin. Il a ensuite réuni les joueurs au centre du terrain pour leur révéler la nouvelle. Tous les rendez-vous média prévus hier ont été annulés. Le club se limite pour l’instant à un communiqué. « Le TFC est en deuil à l’annonce tragique du décès de Brice Taton, victime de violences inqualifiables (…) [Il] veillera à ce que la justice soit rendue. »
« Le match retour ne doit pas avoir lieu »
Selon les témoins, Brice Taton et d’autres supporters du TFC auraient été attaqués le 17 septembre dernier à coup de fumigènes, de chaînes de vélo et de battes de base-ball par une vingtaine de fans du Partizan de Belgrade. Le jeune Toulousain, âgé de 28 ans, a aussitôt été hospitalisé. Mais ses blessures à la tête et au thorax n’ont cessé de s’aggraver. Dix suspects sont actuellement en détention provisoire pour trente jours. Ils pourraient être inculpés pour « tentative de meurtre aggravée ». Ils risquent de 30 à 40 ans de prison.
« L’Etat serbe réagira de la manière la plus dure, sévère et rigoureuse à cet évènement », assure le président serbe, Boris Tadic. De son côté, Dragan Stojkovic, ancien international yougoslave d’origine serbe, passé par l’OM, ne mâche pas ses mots : « J'attends une condamnation très sérieuse de la justice de mon pays. J'ai honte, aujourd'hui. Je suis triste. Je présente mes condoléances à la famille. » Le retour entre Toulouse et le Partizan, le 3 décembre prochain, est d’ores et déjà classé à hauts risques. « Ce match ne doit pas avoir lieu, estime d’ailleurs Sophie. Je ne pense pas que Brice aurait souhaité un match retour ici. C’est impossible. Ça va nous faire trop mal… »