Le Sénégal pleure Bocandé

Jules Bocandé - -
Jules-François Bocandé n’est plus. L’ancien international sénégalais s’est éteint ce lundi à l’âge de 54 ans à Metz, la ville qui l’a révélé à la France. Souffrant depuis plusieurs mois des conséquences d'un accident vasculaire cérébral (AVC), il est décédé des suites d'une opération chirurgicale. Le natif de Ziguinchor (ouest du Sénégal) laisse orphelin le football africain, auquel il a consacré la majorité de son temps. « C’est un monument du football sénégalais, s’émeut Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise. Il a été le détonateur de sa renaissance. En 1985, grâce à un triplé inscrit face au Zimbabwe, il nous avait fait renouer avec la Coupe d’Afrique, à laquelle nous n’avions plus participée depuis 18 ans. Depuis, il avait été de tous les grands combats du football sénégalais. »
Bocandé laissera aussi l’image d’un très grand attaquant en France, qu’il avait rejoint en 1984 à Metz, après quatre années passées en Belgique consécutives à sa suspension à vie dans le championnat sénégalais (pour s’en être pris à un arbitre). Dans l’Est, il décroche le titre de meilleur buteur du championnat en 1986 et participe notamment à l’élimination du FC Barcelone au premier tour de la Coupe des Coupes en 1984. « Il a rehaussé l’image des footballeurs africains en Europe, d’abord au FC Metz et surtout au PSG », poursuit Senghor. En 223 matchs de D1, Bocandé a inscrit 69 buts à Metz (1984-1986), au PSG (1986-1987), à Nice (1987-1991) puis à Lens (1991-1992).
Marsiglia : « Un joueur fantasque et généreux »
« J'ai joué trois ans avec lui (à Nice), se rappelle René Marsiglia, l’entraîneur de Nice, très ému. C'était un joueur fantasque qui faisait gagner les matches à lui tout seul. Il était très généreux dans la vie même s'il avait aussi des côtés un peu farfelus, comme tous les joueurs de grands talents. C'est une terrible nouvelle. C'est un garçon que j'avais plusieurs fois par mois au téléphone. »
Depuis la fin de sa carrière, en 1992, Bocandé s’était investi auprès de la sélection, qu’il avait menée en quarts de finale de la CAN 1994 en qualité de sélectionneur avant d’intégrer l’encadrement au début des années 2000, jusqu’en 2012. « Je garderai en mémoire sa force de caractère, sa rage sur un terrain. Il donnait l’image d’un lion avec sa crinière qui soufflait au vent, se rappelle Senghor, qui était régulièrement en contact avec lui. C’était un homme engagé et sa franchise le rendait souvent incompris. C’est un homme de grand cœur qui a tout donné pour le football et pour son pays. Le football sénégalais lui sera éternellement redevable. Nous ne pourrons jamais rendre à Bocandé ce qu’il a apporté au football africain. »