Le sport pro entre en résistance

Le sport professionnel est bien décidé à monter au front pour défendre le DIC - -
« C’est le mouvement sportif tout entier qui se bat. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de nous ». D’une voix ferme et incisive, Frédéric Thiriez affiche sa détermination. A l’instar de ses collègues de l’Association nationale des ligues de sport professionnel (ANLSP), le président de la Ligue de Football Professionnelle ne digère pas la suppression programmée du Droit à l’image collective (DIC). Le dispositif, voté fin 2004 et modifié fin 2008, devait rester en place jusqu'au 30 juin 2012 mais un amendement au projet de loi du financement de la sécurité sociale, adopté par l'Assemblée et étudié la semaine prochaine au Sénat, prévoyait de l'abolir en décembre 2009. L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans le monde du sport professionnel.
Même si François Fillon a affirmé, hier, que le dispositif ne serait finalement supprimé qu’en juin 2010, les dirigeants des instances sportives pro ne désarment pas. Réunis mardi à Paris, pour la première conférence de presse de leur histoire, les membres de l’ANLSP ont dénoncé d’une même voix « l’extrême gravité de la situation ». « Si la suppression du DIC se confirmait, elle pourrait mettre en danger l'économie de plusieurs clubs », prévient Alain Smadja, le président de la Ligue Nationale de Handball. Une inquiétude relayée par son homologue en charge du basket, René Le Goff. « Pour les clubs de Pro A, l’impact se situe entre 100 000 et 150 00 euros par an. Sur des budgets compris entre 3 et 7 millions d’euros, c’est considérable ! »
Pierre-Yves Revol, le président de la LNR, enfonce le clou : « Pour le rugby, cet amendement signifie 10 millions d’euros de charges en plus qui n’étaient pas budgétées par les clubs. » Une dépense imprévue que chacun va devoir amortir à sa façon. « On ne peut pas revenir sur les contrats des joueurs, peste Henri Legarda, le président du MUC 72. Donc on va être contraint de licencier du personnel. Et on ne pourra pas prendre de nouveaux contrats de formation. »
Thiriez : « C’est un délit d’escroquerie intellectuelle aggravée »
En marge de leur rassemblement, les patrons des Ligues ont également tenu à clarifier un certains nombres de points concernant ce fameux DIC. « Que de bêtises avons-nous entendu à ce propos, lance Thiriez en préambule. Certains se sont rendus coupables de délit d’escroquerie intellectuelle aggravée. » « Nous voulons dénoncer un discours démagogique, renchérit Revol. Le DIC n'est pas un avantage fiscal, c'est un allègement de charges sociales pour les clubs. »
Une précision appuyée par Loïc Féry, le président du FC Lorient : « On a entendu dire : « les sportifs professionnels gagnent beaucoup d’argent, il n’est pas normal qu’ils paient moins d’impôts que les autres. On oublie qu’il y a des entreprises qui emploient ces sportifs. Ce dont on parle aujourd’hui c’est de l’impact pour les clubs, donc pour les employeurs. »
Nicolas Sarkozy, le président de la République, a demandé la création d'une mission de réflexion sur la rémunération accordée aux sportifs de haut niveau. Cette dernière n’empêchera pas la suppression du DIC. Mais elle devrait permettre d’apaiser les présidents de Ligue en ouvrant une porte de dialogue.