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Les Espagnols se soignent au foot

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Frappée par la crise, l’Espagne oublie ses déboires grâce au football. Mais habituée aux exploits de la sélection et de ses clubs, la population est devenue plus regardante. La France, adversaire de la Roja, mardi en éliminatoires, ne remplira pas le stade Vicente Calderon.

La crise terrasse la huitième économie du monde, mais pas encore complètement la première puissance du football de la planète. Alors que 25% des Espagnols sont sans emploi, la Roja continue bon an mal an à remplir les stades. Mardi Vicente Calderon ne sera pas plein. Quelque 50 000 personnes sont attendues pour voir la France de Karim Benzema venir titiller les doubles champions d’Europe et champion du monde.

Le sésame n’est de toute évidence pas à la portée de tous quand on sait que deux tiers des Espagnols piochent dans leurs économies pour s’en sortir : il faut payer de 30 à 85 euros pour ce match des éliminatoires disputé dans l’antre de l’Atlético Madrid. La revanche du quart de finale de l’Euro, avec le doublé de Xabi Alonso, fait-elle vendre ? « Les gens veulent voir l’Espagne, mais pas trop cher… », tempère Miguel, un supporteur inconditionnel des partenaires de Xavi qui ira au stade. Mais d’autres comme Alberto ont dit no. « C’est un match des éliminatoires, pas un quart de final, je resterai à la maison. »

Rajoy : « La Roja donne du bonheur aux gens »

Les aficionados des Campeones qui regarderont la télé ont de la chance. Cette fois, la rencontre de la Seleccion sera retransmise. A la différence du match contre la Biélorussie (4-0), vendredi à Minsk. Les chaines de la péninsule ont décliné. Trop cher. Vendue 3 millions d’euros par Sportfive, la rencontre n’a pas trouvé preneur, même bradée à 800 000 euros… Rarissime, du jamais-vu depuis 1983, mais trop cher, et trop… attendu. « Je ne vais pas aller voir un match dont je connais le résultat par avance», se « plaignait » Carolina avant la déculottée contre les Biélorusses. L’Espagne trop forte, c’est ça aussi le problème des Espagnols ! Un problème de riches dans un pays aux abois. Paradoxe.

Face aux Bleus, les supporteurs vont encore peser le pour et le contre avant de se déplacer. Habitués à voir leur sélection sur le toit du monde, les habitants sont devenus regardants. Et la crise ne fait qu’accroitre cette exigence. Il y a ceux qui comme le Premier ministre Mariano Rajoy, comblé à Kiev en juin dernier, remercient les joueurs de Del Bosque de « faire le bonheur de millions de gens ». Rajoy et les happy fews, soit un Espagnol sur dix qui ne se dit pas affecté par la crise. Et puis, il y a la population, la grande majorité, qui réfléchit, elle, à deux fois. Aux Bleus de prouver qu’ils ont eu raison d’aller à Vicente-Calderon.