Abidal : « A l’Euro, j’ai fait sombrer le navire ! »

Sans langue de bois, le défenseur latéral du Barça admet que l'echec des Bleus à l'Euro, lui doit hélas beaucoup. - -
Eric Abidal, suite à votre déchirure à l’adducteur droit, comment se passe votre rétablissement ?
Ça avance tout doucement. C’est encore frais parce que ça ne fais que dix jours. Mais j’ai déjà bien avancé dans ma réeducation.
Vous vous êtes blessé juste avant la confrontation face à votre ancien club Lyon. On imagine que ça a dû être une énorme frustration de ne pas disputer ce match…
Oui, la blessure est mal tombée. Ce match me tenait à cœur. Je voulais vraiment le jouer. En plus je n’avais pas disputé un seul match de Ligue des champions cette saison. Pour moi, ça aurait été un commencement. Cette blessure est arrivée au mauvais moment. Surtout qu’il y avait des belles échéances que ce soit avec Barcelone où l’équipe de France.
Le Barça vient d’enchaîner deux défaites consécutives en Liga et quatre matches sans victoire. On sent l’équipe en grande difficulté par rapport à votre début de saison tonitruant. Comment expliquez-vous cela ?
Je ne pense pas qu’on soit en difficulté. Ici à Barcelone, quand tu ne fais pas un bon résultat, on parle de crise. Moi je ne pense pas que ce soit la crise. Depuis le début de la saison, on a toujours eu l’habitude de faire des bons résultats et quand ça va un peu moins bien, on pense qu’on panique ou que l’équipe a changé. Mais, ce que je vois de l’extérieur, c’est que l’équipe est toujours opérationnelle, avec autant de détermination. Il ne faut surtout pas baisser la tête. On sait qu’avec les qualités qu’on possède et avec le jeu qu’on a fourni jusqu’à maintenant, on est capable de sortir des gros matches.
Vous avez mal choisi votre moment car votre grand rival le Real Madrid carbure à plein régime en ce moment. Pensez-vous qu’ils sont capables de revenir sur vous ?
Ils reviennent à grande vitesse, c’est sûr. Il n’y a pas si longtemps que ça, on avait douze points d’avance maintenant on en a plus que quatre. On sait qu’on sera attendu, surtout à l’extérieur, avec des équipes qui vont nous rentrer dedans. On a grillé pas mal de jokers et ce serait bien de pouvoir en garder jusqu’à la fin de saison.
Le moral de l’équipe est-il entamé ?
Non, l’équipe n’est pas touchée. C’est vrai que l’ambiance est toujours un peu différente quand tu perds. Surtout quand on voit la manière dont on perd lors du dernier match contre l’Atlético, alors qu’on avait vraiment l’occasion de le gagner. Mais les gars sont assez grands pour pouvoir relever la tête très vite. Le groupe est solidaire et on sait que c’est avec les victoires que le moral va revenir.
Comment réagi Pep Guardiola face à cette situation inhabituelle pour lui ?
Le discours du coach n’a pas changé. Il a des rapports francs avec les joueurs. Il leur dit directement ce qu’il pense et les comprend très vite. Et il sait surtout s’adapter aux qualités de chaque joueur pour pouvoir faire l’équipe la plus compétitive possible.
A l’heure actuelle vous n’êtes pas dans la meilleure spirale avant d’affronter Lyon en Ligue des champions. Pensez-vous que les chances de Lyon ont augmenté ?
L’objectif du club ce n’est pas de s’arrêter en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Il faudra mettre tous les atouts de notre côté pour faire un bon match et se qualifier. Mais on sait que ce sera un match complètement différent du match aller.
Au Barça, qui craint-on le plus du côté de Lyon ?
Il faut craindre tout le monde. Mais c’est vrai que quand on a vu le coup-franc de « Juni » (Juninho) et la facilité qu’a Karim Benzema devant le but, il y en a certains plus que d’autres, notamment ces deux là.
On parle de plus en plus de Karim Benzema au Barça pour l’an prochain. Est-ce que vous pensez que sa venue serait une bonne chose ?
J’espère vraiment qu’il viendra à Barcelone. Après tout dépendra de ses choix. Mais c’est vrai qu’il fait des choses extraordinaires à l’Olympique Lyonnais., surtout à son âge. J’espère qu’il va continuer de grandir et de s’éclater sur les terrains comme il le fait jusqu’à présent.
Henry a-t-il changé de comportement par rapport à l’an dernier, ce qui expliquerait son efficacité cette saison ?
Je ne pense pas. La première année, il a été critiqué. Il jouait à un poste qui n’était pas le sien et pourtant ses statistiques ont été bonnes. Cette saison, c’est reparti. Il joue toujours au même poste et il en est déjà à quatorze buts et je ne sais pas combien de passes décisives. Il sait très bien que quand tu es attaquant à Barcelone, il faut marquer des buts. Quand je vois le nombre d’occasions qu’à « Titi » (Henry), et tout le monde sait qu’il n’en a pas beaucoup, et qu’il arrive à mettre quand même des buts, c’est impressionnant. Et cette saison, au club, il est très bien vu.
Selon vous, Messi est-il le futur Ballon d’Or ?
Je le pensais déjà l’an dernier mais malheureusement, il a été blessé. Avec les qualités qu’il a cette saison si tout va bien, je pense que le Ballon d’Or sera pour lui et c’est tout le mal que je lui souhaite. C’est un joueur hors norme.
Etes-vous inquiet pour la qualification de l’équipe de France à la Coupe du monde 2010 ? Et surtout a-t-elle les atouts pour le faire ?
Les atouts, je reste persuadé qu’on les a. On a vraiment un bon groupe. L’objectif, c’est de pouvoir faire deux bons résultats face à la Lituanie. L’important c’est la qualification. Mais ce qui est intéressant aussi, c’est que contrairement au match amical face à l’Argentine, on aura plus de temps pour préparer cette double confrontation.
La concurrence d’Evra et de Clichy au poste de latéral gauche vous fait-elle peur ?
Tant mieux, s’il y a de la concurrence ! Plus il y a de bons joueurs et mieux c’est pour l’équipe de France. Ça permet à l’équipe de France de rester sur une bonne dynamique.
Vous avez déjà évolué en défense centrale à Lille. Ne pensez-vous pas que ce poste vous conviendrait mieux ?
Quand tu fais des boulettes dans l’axe, ça ne pardonne pas. On a vu à l’Euro comment ça s’est passé. J’ai un peu fait sombrer le navire. En tout cas moi, je le prends comme ça. L’Euro reste l’une des plus grosses déceptions de ma carrière. C’est difficile à encaisser parce que l’objectif, c’est toujours d’aller au bout, mais malheureusement après l’Italie, c’était fini. C’est passé, mais ca reste en travers de la gorge. On dit que c’est en faisant des erreurs qu’on apprend, peut-être que la prochaine fois je ne taclerai pas dans la surface.