La Liga, côté sombre

Iker Casillas - -
A Santiago Bernabeu, dimanche, les étoiles du foot espagnol donneront leur première représentation de la saison. Un clasico en Supercoupe que plusieurs d’entre elles ont mis de côté cette semaine. Dans un hôtel de Madrid, jeudi, Iker Casillas et Carles Puyol, les capitaines du Real et du Barça, entouraient Luis Rubiales, le président de l’AFE, le syndicat des joueurs espagnols. Il n’était pas question des dizaines de millions d’euros dépensés par leurs clubs cet été sur le marché des transferts. Mais plutôt du quotidien angoissant de certains de leurs adversaires en Liga à cause des retards de salaires.
L’AFE, qui demande une hausse du fonds de garantie, a annoncé une grève pour les deux premières journées de championnat, les 21 et 28 août. « Les joueurs ont dit ‘‘basta’’ et ont décidé de faire grève, explique Grégory Arnolin, le défenseur français du Sporting Gijon. L’un de mes coéquipiers, Oscar Trejo, qui jouait au Rayo Vallecano la saison dernière, a fait douze mois sans recevoir un centime alors que son équipe remontait en Liga. Moi, je n’ai pas à me plaindre. Mon club me paie en temps et en heure. Mais je ne sais pas ce qui peut se passer demain. »
« Des centaines de milliers d’euros pour certains joueurs »
Sylvain N’Diaye, lui, le sait. A Levante, entre 2005 et 2007, le milieu de terrain sénégalais a découvert la face sombre du foot espagnol. « Ça a été très compliqué et ça l’est encore. Ils sont encore aujourd’hui dans l’obligation de nous payer les salaires qui nous sont dus. Mais c’est très lent. Et ça ne remplace pas ce qu’on a pu perdre. Il y a eu des coûts d’avocats. Il y a eu des démarches des banques contre nous. Ça a été un gros problème. » Selon l’ancien Marseillais, aujourd’hui à la recherche d’un club après une saison à Cannes (National), les impayés se chiffrent à « des centaines de milliers d’euros pour certains joueurs ». Au début de l’été, le foot espagnol a créé un système similaire à la DNCG française, qui sera pleinement opérationnel dans trois ans. Pour que tous les acteurs de la Liga soient sûrs de recevoir leurs fiches de paye. Et pas seulement Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo.
Le titre de l'encadré ici
50 millions d’euros d’impayés|||
Selon l’AFE, le syndicat des joueurs pros en Espagne, le fonds de garantie en vigueur jusque-là est largement insuffisant. Il est de 10 millions d’euros, alors que 200 joueurs ont dénoncé cette année des impayés pour une valeur totale de 50 millions d’euros. A Levante, Sylvain N’Diaye recevait en fin de mois des ‘‘pagaré’’. « Ce sont des chèques anticipés, explique le Sénégalais. Quand on est étranger, on n’est pas habitué à ça. Quand on arrive à la date marquée sur le chèque, la banque se retourne vers l’organisme qui vous a payé et si l’argent n’est pas sur son compte, elle se retourne contre vous. Les banques viennent vous chercher, frapper à votre porte. Et là, ça devient très compliqué. Vous n’êtes plus payé, les chèques des années précédentes n’ont pas de fonds et il faut rembourser. »