Le grand luxe du foot espagnol

Lionel Messi - -
Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, José Mourinho, Josep Guardiola,… La liste des joyaux que possède le football espagnol est quasiment inépuisable. Un vrai trésor. Problème, tous ces noms ronflants ont, pour la plupart, été payés malgré des dettes abyssales. A l’heure actuelle, les clubs professionnels du pays doivent 752 millions d’euros au fisc. Un gouffre qui ne les empêche pas de faire quelques folies. Criblé de 300 millions d’euros de dettes, l’Atletico Madrid s’est ainsi offert cet été Radamel Falcao pour 40 millions. Jamais avares en achats XXL, le Real Madrid et le FC Barcelone possèdent quant à eux un passif de 590 et 578 millions d’euros. Dans un championnat où la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) n’existe pas, rien d’étonnant donc à retrouver cinq clubs en demi-finales des deux coupes européennes.
Mais cette situation commence à sérieusement agacer les rivaux des clubs espagnols sur la scène européenne. « Les écarts de compétitivité se creusent, peste Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel français (LFP). Les grands clubs européens sont plus riches mais ils abusent d’une concurrence déloyale. En Espagne, ils ont 750 millions d’euros de dettes fiscales ! Sans conséquence ! » José Luis Astiazaran, son homologue espagnol, défend lui la politique économique de ses clubs. « Il y beaucoup de démagogie dans cette affaire, lance-t-il. Les équipes espagnoles ont des dettes, comme toutes les entreprises du monde. Elles doivent avoir des crédits pour acheter des joueurs. Il y a des dettes mais elles sont contrôlées, les banques ne prêtent pas de l’argent comme ça. »
Astiazaran : « Ce n’est pas du doping économique ! »
Propriétaires de leur stade, les clubs hispaniques possèdent de sérieux atouts pour convaincre les banques. Avec des droits TV faramineux et des recettes en billetterie très élevées, les actifs sont importants. « Les clubs peuvent mettre cela en garantie, souligne Astiazaran. Avec ça, tu peux faire du business. Le problème de la dette, c’est juste de ne pas la contrôler. Ce n’est pas du doping économique ! ».
Si ce modèle est de plus en plus mal perçu dans un pays touché par la crise et où le chômage dépasse les 20% de la population active, la situation pourrait bientôt changer. Mesure phare de la présidence de Michel Platini à la tête de l’UEFA, le fair-play financier va sanctionner, dès la saison 2013-2014, les clubs qui dépensent plus d’argent qu’ils ne peuvent en générer. Si cette loi ne prendra pas en compte la dette actuelle, elle devrait en limiter l’impact. A Madrid, Barcelone ou Valence, la récréation est peut-être bientôt terminée.