Montanier, un rêve bien Real

Philippe Montanier - -
Entre deux pintxos, dans les petites rues de la vieille ville, ils posent leurs yeux sur les journaux, font les comptes et remontent le temps. Leur Real est là, tout en haut ou presque, quatrième de la Liga derrière les grands d’Espagne, le Barça et les deux Madrid, à six journées de la fin. Comme si tous les dix ans, un Français devait emmener la Real Sociedad en Ligue des champions. Raynald Denoueix en 2003, Philippe Montanier en 2013. Le pari sera presque gagné ce dimanche soir (21h) en cas de victoire face à Valence (5e à deux points). Et l’entraîneur, un magicien.
Son équipe gagne, envoute les supporters des Txuri-urdin. Son nom circule de l’autre côté de la frontière, dans certains clubs de cette Ligue 1 qu’il a quittée en 2011. Mais l’aventure du Normand à Saint-Sébastien a d’abord été très compliquée. Peur de la relégation, sifflets à Anoeta… La Real de Montanier ne s’est pas construite en un jour. « Quand Philippe est arrivé, il a eu du mal au début parce que le public aimait bien l’entraineur précédent, explique David Zurutuza (26 ans), milieu de terrain franco-espagnol formé au club. Il est arrivé avec tout le monde contre lui. Il ne parlait pas notre langue… Il a beaucoup progressé. »
« C’est vrai que ça a été un handicap au début, reconnaît Philippe Montanier à propos de ses difficultés pour communiquer avec ses joueurs. J’ai mis les bouchées doubles pour apprendre une langue étrangère à 48 ans. Mais c’est une bonne expérience. Maintenant, je me sens plus à l’aise. C’est une aventure professionnelle mais aussi une aventure de vie : vivre à l’étranger, apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, même si on n’est pas très loin de la France. » Les consignes passent mieux. Et sa Real, jeune et joueuse, est désormais crainte en Liga, où elle n’a perdu qu’un seul de ses 22 derniers matchs, à Bernabeu (4-3).
« Le plus important, ce n’est pas mon futur »
Même le Barça n’a pas résisté, en janvier (3-2). « La progression de l’équipe, depuis qu’il est arrivé, est énorme, s’enthousiasme Liassine Cadamuro (25 ans), lancé par Philippe Montanier. On est passé de ne pas jouer au football à jouer au football, tout simplement. Passer des sifflets aux acclamations, c’est tout à son honneur. » Le secret ? L’adhésion des jeunes de la Zubieta, le centre de formation, au projet du duo qu’il forme avec son adjoint Michel Troin. « Je peux très bien entrainer le Real Madrid avec plein de vedettes ! On ne va pas se fermer de portes, sourit Philippe Montanier. Il y a peu de chances qu’ils m’appellent… Mais c’est vrai que je me sens à l’aise avec les jeunes. »
Face à l’Espanyol Barcelone (2-2, le 31 mars), neuf titulaires évoluaient encore en troisième division trois ans plus tôt. L’ancien entraîneur de Boulogne-sur-Mer et Valenciennes, en fin de contrat, les guidera-t-il encore l’année prochaine ? Oui, a priori, même si l’intéressé ne veut pas encore évoquer sa probable prolongation. « Le présent est tellement fort, rappelle-t-il. Le plus important, ce n’est pas mon futur mais le futur de la Real. Moi, je ne suis qu’en second plan. Je crois que la saison prochaine démarre le 18 août, donc rien ne presse. » Et puis sa vie est belle, au bord de l’océan, à profiter de la douceur du Pays basque. « Il y a pire comme endroit ! »
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