A Marseille, la fièvre monte

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Hier après-midi à Marseille, les terrasses des cafés, noyées par le soleil, étaient bondées. A chaque table, le même sujet de conversation revenait en boucle : l’OM et le titre de champion de France. « Les clients en parlent de plus en plus, concède Régis Ruggieri, le patron du Métropole, une brasserie située à deux pas du Vieux-Port. On sent une grosse effervescence, notamment de la part des jeunes de 17-18 ans. Eux n’ont connu les titres de l’OM qu’à travers des livres, des DVD ou Internet. »
Ce fidèle supporter ne veut pas pour autant céder à l’euphorie ambiante. « Quand Niang a soulevé la Coupe de la Ligue, j’ai versé ma larme, c’est vrai, poursuit Ruggieri. Mais ça n’avait pas la même saveur qu’un titre de champion. Nous, les anciens, on craint le retour de bâton. On a peur que la chance nous abandonne. » Même le maire, Jean-Claude Gaudin, est de cet avis. « Comme pour une élection, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Même si nous sommes en pole position, que les joueurs s'appliquent, qu'ils nous ramènent enfin ce titre prestigieux... C’est l'année ou jamais ! »
Tout le monde ne partage pas la prudence du cafetier et du maire. « En ville, j’ai croisé au moins dix personnes qui m’ont affirmé qu’on serait champion, affirme André Fournel, dit « Dédé », le speaker du stade Vélodrome. Ce discours va du simple passant avec son caddie au vendeur de téléphone portable. »
La situation de l’OM est certes très favorable. A six journées de la fin, les hommes de Deschamps possèdent cinq points d’avance sur Auxerre et sept sur Lyon et Montpellier. Ils ont désormais leur destin entre les mains. Et la fièvre monte. Deux cents supporters sont venus assister à l’entraînement de l’OM hier à la Commanderie. La boutique du club n’était pas en reste non plus. Depuis le succès en Coupe de la Ligue, la vente des produits dérivés a augmenté de 20 %. Le public s’arrache les maillots de Lucho Gonzalez, Mamadou Niang et Hatem Ben Arfa.
« Même à la Commanderie, les gens des services administratifs sont chauds-bouillants, lâche en souriant André Fournel. Mais ils n’ont pas idée de ce qui pourrait se passer en cas de titre. L’OM va peut-être être satellisé, va se retrouver en orbite autour de la terre. La Canebière, ça sera quelque chose. »
Papin : « A moins d’un cataclysme… »
Même s’il la joue prudent, le speaker du Vél’ a déjà prévu les festivités. Et notamment de ressortir le disque de Queen, « We are the champions. » « Il n’est pas rouillé, affirme-t-il. Je l’avais déjà sorti la saison dernière. On va sûrement faire un mix entre ce CD, Jump et la Ligue des champions. »
Même ceux présents lors du dernier sacre olympien, en 1992, évoquent ouvertement le titre. « A moins d’un cataclysme, je ne vois pas l’OM ne pas finir champion de France, reconnaît Jean-Pierre Papin. Cette équipe a mûri. Les joueurs de talent se sont mis à jouer ensemble. Aujourd’hui, on sent qu’il y a une âme dans ce groupe et que rien ne peut les perturber. » Toute une ville en accepte l’augure…