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A Saint-Symphorien, le derby déchire

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Dans ce bourg à cheval sur les départements du Rhône et de la Loire, il y a autant de supporters des Verts que de l’OL… Reportage à la veille d’un derby brûlant.

L’église collégiale du XVe siècle pourrait sonner creux samedi soir. A 20h30, au concert de la chorale locale « La Symphorine », la très grande majorité des « Pelauds », le nom des habitants de ce bourg des monts du Lyonnais, sera soit à Geoffroy-Guichard, soit devant son écran. Ici plus qu’ailleurs, il est hors de question de rater le derby entre Saint-Etienne et Lyon, 104e du nom. Au nord-est, à 45 kilomètres, Lyon, club phare du début de siècle ; à 35 kilomètres à l’ouest, la cité minière qui a réveillé la France du foot dans les années 70. Alors dans les rues de Saint-Symphorien-sur-Coise, dernier village du Rhône avant de passer en Loire (certains terrains municipaux s’y trouvent même), les 3 500 âmes ont la culture du partage : la moitié des habitants est pour l’OL, l’autre pour les Verts.

Pour comprendre le particularisme autochtone, il suffit de se rendre au stade Thomas-Granjon un soir d’entraînement. Mercredi, les U19 étaient très en forme, sur le chambrage surtout, à trois jours du brûlant rendez-vous. Peu aidés il est vrai par le duo d’entraîneurs de l’équipe première… « Si on est dernier, c’est qu’on doit jouer à la lyonnaise !, se marre Fabien Alibert, supporter des Verts depuis toujours quand son adjoint est lyonnais de cœur. Mais c’est toujours de bonne guerre, on rigole bien. Ce n’est jamais méchant, il n’y a jamais d’embrouilles », poursuit-il.

« On chambre toute l’année »

Derrière lui, sur le pré, c’est comme une répétition du derby. « C’est très partagé, il y autant de maillots de l’un que de l’autre, dès les équipes de très jeunes. C’était plus vert il y a une dizaine d’années. Dans certaines familles, un enfant est pour l’OL, l’autre pour ‘Sainté’ », raconte Bruno Lacand, vice-président de l’Association Sportive Saint Symphorien-Pomeys, 400 licenciés. Dans le vestiaire, les vannes s’accélèrent à mesure qu’on approche de samedi soir. « C’est plus compliqué de faire des passes aux Lyonnais, parce qu’ils ont du mal à contrôler le ballon », se gausse ce fan de Saint-Etienne. « On chambre toute l’année. Avec l’élimination de l’OL par l’Apoel Nicosie, on a bien rigolé. On n’a pas le même maillot à l’entraînement mais on oublie ça quand on est sur le terrain. »

Sur ces terres de Gaule, on ne revit pas pour autant « Le Grand Fossé » d’Astérix. Le village n’est pas scindé en deux, la rivalité reste très amicale. « On vit des deux côtés et on aime bien alimenter cette dualité, plutôt fraternelle ici. Ça amène du piquant, de l’animation », sourit Bruno Lacand, un des seuls à apprécier les deux clubs. Mais, comme tout Saint-Symphorien-sur-Coise, il reste dubitatif sur un de ses joueurs pas comme les autres : « On a un qui est pour l’OM, on ne comprend pas… ».

Silvère Beau (avec E.J.)