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Arbitres : des arguments sonnants… et trébuchants

La grogne des arbitres s'expliquent aussi par des motifs financiers

La grogne des arbitres s'expliquent aussi par des motifs financiers - -

Derrière les arguments moraux avancés pour justifier le mouvement de protestation de ce week-end, les arbitres professionnels veulent surtout voir la couleur du juteux contrat passé par la FFF avec Nike.

Dans la grogne des arbitres professionnels, il y a les valeurs éthiques et celles… sonnantes et trébuchantes. Le mouvement de protestation des hommes en noir de L1 et L2, avec pour conséquence la direction de la 26e journée de championnat par des directeurs de jeu issus du National ce week-end, répond aux « actes témoignant d’une méprise profond des arbitres par tous les acteurs du football », comme écrit dans le communiqué de vendredi du Syndicat des arbitres de football d’élite (SAFE), mais également au refus de la FFF de satisfaire les exigences financières de la corporation.
La Fédération, employeur du corps arbitral, n’a pas manqué de le souligner par la voix de son président : « Les vraies revendications des arbitres sont financières », lâchait sans détour Fernand Duchaussoy vendredi soir sur l’antenne de RMC, alors que le monde du football était en ébullition. Au cœur de toutes les convoitises, le contrat signé par Nike avec la FFF : 42,6 M€ annuels pendant sept ans et demi quand Adidas déboursait « seulement » 12 M€… Forcément, l’inflation des appétits a été proportionnelle à la culbute des recettes. Selon nos informations, les arbitres pro réclament 2M€ au titre d’intéressement au contrat avec l’équipementier américain, et une revalorisation de 65% du fixe mensuel qui passerait de 2751€ à 4500€, ainsi qu’une hausse du pécule de retraite (actuellement 12 500€ bruts par année d’exercice).

La FFF joue la montre

Face aux prétentions des arbitres de L1 et L2, la FFF n’a cessé de louvoyer. Après un premier mouvement d’humeur en décembre et la menace de garder les tenues Adidas, Duchaussoy a rencontré les arbitres en stage au Canet-en-Roussillon le 2 janvier. « Je voulais parler avec eux de beaucoup de sujets, mais ça tournait toujours autour de combien je pouvais les augmenter. Donc, au bout d’un moment, la discussion devenait difficile », plaide le patron fédéral. Depuis, les deux parties continuent à jouer au chat et à la souris avec un rendez-vous tronqué le 12 janvier et un autre ajourné le 10 février… Entre les lignes, on fait comprendre aux arbitres que rien ne pourra se décider avant les élections présidentielles de la FFF et le renouvellement de l’appel d’offre des droits TV, soit septembre 2011. Un calendrier jugé inacceptable pour le SAFE, qui a donc opté pour le coup de force vendredi. Plusieurs rendez-vous sont prévus dans les 72 heures, avec en point d’orgue une réunion de conciliation au ministère des Sports, mercredi midi.

Louis Chenaille (avec J.R.)