Aulas : « Ce sont des enfants »

Jean-Michel Aulas - -
Jean-Michel, êtes-vous inquiet au lendemain de la défaite de votre équipe à Nancy ?
Pour un dirigeant, ne pas être inquiet serait une faute professionnelle. Qu’on gagne ou qu’on perdre, il faut se remettre en cause en permanence. Je pense que certains ne sont pas assez inquiets. Les dirigeants, eux, le sont, notamment sur le changement de qualité de jeu. On est capable de mettre Paris en danger et de succomber sans vraiment lutter contre Nancy.
Qu’avez-vous dit à vos joueurs ?
Je leur ai parlé hier (samedi) dans le vestiaire. Je voulais leur montrer que j’étais là. Je ne pourrai pas partir à Chypre (match retour des 8e de finale de Ligue des champions mercredi contre l’APOEL Nicosie) avec eux à cause du travail, mais la confiance reste totale. Seulement, il y a un décalage entre ce qu’ils pensent faire contre Nancy et ce qu’ils font en réalité.
Vous avez donc mis des mauvaises notes à vos joueurs ?
J’en ai mis quelques-unes en mon âme et conscience. On s’apprête à vivre des semaines fantastiques. Excepté peut-être Vincent Labrune (le président de l’OM, ndlr), tous les présidents de France aimeraient être à notre place. Les joueurs ne doivent pas m’enlever l’envie d’être président d’un club qui pourrait ne plus être en course dans tous les tableaux si on renouvelle des performances comme celle de samedi soir.
Les joueurs semblent plus ou moins motivés selon l’adversaire…
Ce sont des choses que les joueurs devraient régler par eux-mêmes. On a de jeunes joueurs. Ce sont des enfants. Ils sont talentueux. Ils sont dans des situations incroyablement favorables. Ils ont la gloire, l’argent. Ils sont tous très beaux. Mais dans la maîtrise de leur propre engagement moral et physique, soit individuel, soit collectif, on peut progresser. Il y a un fort déficit de ce côté-là.
Mais il y a des joueurs qui ont de l’expérience aussi…
C’est vrai. Ils devraient plus encadrer. Les anciens sont peut-être, eux aussi, moins faciles à manier. Il y a une prise en compte de l’évolution des générations qui est importante. Pour pouvoir parler, il faut être irréprochable. Il faut avoir l’expérience, la manière et l’exemplarité.
« Les causeries de Garde sont exceptionnelles »
Etes-vous satisfait du travail de Rémi Garde ?
Rémi a déjà fait des miracles. Il a réussi à transformer complètement ce qui avait été altéré par un management qui n’était pas d’actualité. Mais il est comme moi, il s’interroge. C’est pour cela qu’on discute beaucoup. On échange tous les jours. Son œil neuf dans le football en tant que manager est là pour apporter un peu d’imagination. Il hésite, comme tous les entraîneurs, sur la bonne manière. Mais on a des joueurs talentueux. Ce sont des bons mecs. Il leur manque simplement d’être un peu plus au maximum, en même temps, le même jour.
Vous lui maintenez donc votre confiance ?
Oui. Il fait du très bon travail. Ses causeries aux joueurs sont exceptionnelles. Rémi ou les dirigeants ne sont pas en cause. Ce sont les joueurs qui doivent prendre en compte l’immense chance qu’ils ont d’être à l’Olympique Lyonnais.
Vous n’avez pas l’air pessimiste ?
Non, ça aurait pu être dramatique si tous nos concurrents avaient gagné. Contre Nancy, on n’a pas fait un mauvais match mais on était un peu dans la routine. On a toujours notre destin entre les mains. On peut gagner la Coupe de la Ligue (finale contre l’OM le 14 avril, ndlr). On peut battre le PSG en quarts de finale de la Coupe de France (le 21 mars, ndlr). On peut accéder au podium et on peut se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Si tous ces objectifs sont atteints, ce sera une année magnifique.