Aulas : « On ne sait pas ce qui peut arriver »

- - -
Jean-Michel Aulas, n’avez-vous pas trop souffert lors de ce Lyon-Marseille de folie (5-5) ?
Oui, beaucoup, que ce soit avant, pendant et après. C’était un tel spectacle, une telle intensité, sans retenue... Le stade était beau, grâce à deux groupes de supporters au plus haut niveau, qui jouaient le jeu. C’était aussi un régal pour le téléspectateur. Dix buts, dont cinq dans les douze dernières minutes, c’est exceptionnel et formidable pour le football français.
En dominant le championnat pendant sept ans, vous avez motivé vos adversaires à essayer de vous rattraper…
C’est exact. D’ailleurs, nous discutions avec les dirigeants de Marseille hier soir (dimanche). On remarquait que ces deux équipes, qui venaient de livrer une partie d’anthologie, étaient parmi les premiers investisseurs sur le plan européen. Quand on a des très bons joueurs, on la possibilité d’avoir du spectacle. Je ne pense pas que les entraîneurs doivent être déçus que l’attaque ait pris le pas sur la défense parce qu’on a vu des beaux buts.
Vous avez ramené en France un drôle d’attaquant avec Lisandro Lopez…
C’est un joueur de classe mondiale. On l’avait identifié comme cela et c’est la raison pour laquelle on s’est lancé dans un investissement qui a pu paraître considérable. Il y a la qualité du joueur et le personnage. On voit l’Argentin, au milieu de la pampa, qui n’arrête jamais. Techniquement, il est très fort et, sur le plan mental, il donne à l’équipe une envie de se surpasser, y compris dans les moments difficiles.
Etes-vous aussi satisfait de toutes vos recrues de l’été ?
On fait le constat suivant : Lisandro Lopez a retrouvé la sélection argentine après son retour à Lyon et fera, j’en suis convaincu, la Coupe du monde. Michel Bastos est parti ce matin (lundi) pour sa première sélection en équipe du Brésil et a lui aussi la possibilité de jouer le Mondial. Bafé Gomis a aussi retrouvé les Bleus après une année difficile. Et c’est génial pour Aly d’avoir été convoqué en équipe de France. Tout cela permet de valider le fait que le recrutement lyonnais est un recrutement haut de gamme. Quand on a les moyens, ça peut rapporter gros.
La suppression du droit à l’image vous inquiète-t-elle ?
Il y a pour moi deux grandes craintes aujourd’hui dans le foot et le sport professionnel : le DIC, dont je pense que nous avons la possibilité de freiner la suppression au Sénat. L’autre sujet, qui nous cause un terrible souci, c’est la non mise en route des jeux et paris en ligne. Ce retard permanent ne permet pas à nos sponsors de pouvoir s’afficher sur le maillot de l’OL.
Comment faire face ?
Il va falloir puiser dans les réserves. Tous les clubs n’ont pas cette possibilité, ce qui risque de créer de gros problèmes. On ne sait pas ce qui peut arriver s’il n’y a pas de déblocage rapide de la situation. Je ne veux pas être l’oiseau de mauvais augure mais je pense qu’on pourrait battre des records de déficit cette année ou l’année prochaine.
A quelle hauteur cela grève-t-il le budget de l’Olympique lyonnais ?
Nous avions une réunion de travail avec nos homologues marseillais hier et nous avons calculé que ça représenterait 11 millions d’euros pour l’ensemble des deux clubs. Ce sont des sommes qui ne permettront pas de garder les joueurs que nous avons fait revenir dans le championnat. Sans DIC, Lisandro Lopez et Cissokho ne seraient pas venus, et Gomis et Bastos seraient partis à l’étranger. On me dit que Karim (Benzema) est parti mais il est surtout resté deux ans de plus en France grâce au DIC. Il faut faire très attention parce qu’on est en train d’aller contre l’intérêt du championnat de France. C’est comme si on changeait les règles en cours de partie. C’est la raison pour laquelle nous militions pour qu’un amendement, au Sénat, maintienne au moins le DIC dans les contrats en cours. Et qu’on arrête de faire la chasse à une niche fiscale qui n’en est pas une.
Etes-vous confiant pour les Bleus, qui vont disputer les barrages du Mondial contre l’Irlande (14-15 novembre) ?
Je fais partie des gens optimistes et je serai à Dublin pour soutenir cette équipe de France. J’ai confiance en les joueurs et Raymond Domenech. Si on se qualifie, ce sera parce que certains l’auront soutenu au bon moment. On joue gros mais, quand on est dans un bateau qui connaît une petite avarie, on ne s’en sort pas si chacun n’écope pas. Il ne faut pas se poser de question.