Ayew sonne la révolte

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Au moins, l’OM ne plie pas face aux promus. Après avoir dominé Evian-T-G (2-0), le club phocéen a signé sur le même score sa deuxième victoire de la saison en L1 ce samedi contre Ajaccio. « Compte tenu de notre situation, on ne va pas sauter au plafond, lâche à chaud André Ayew au micro de Foot +. On doit repartir du bon pied et continuer comme ça. »
Ce succès qui permet à l’OM de grimper à la 12e place aura autant été marqué par le doublé du fils d’Abedi Pelé que par la lourde atmosphère qui a pesé sur le Stade-Vélodrome (lire par ailleurs). « C’était très difficile, commente Steve Mandanda. On comprend la déception des supporters. A nous de tout faire pour les retrouver. »La mission est encore loin d’être gagnée.
Les scènes surréalistes n’ont pas manqué. Le fameux « Jump » de Van Halen qui rythme chaque « entrée en scène » des Olympiens sur la pelouse est ainsi étouffé par les sifflets. Puis place au silence. C’est dans ce contexte improbable que l’équipe de Didier Deschamps entame son 11e match de championnat. Paradoxalement, les partenaires de Steve Mandanda apparaissent moins crispés que d’habitude. La présence d’Alou Diarra et surtout de Lucho sur le banc les aurait-elle décomplexés ? Face à des Ajacciens entreprenants mais limités, l’OM multiplie en tout cas les offensives. Inhabituel.
L’OM tient son double A
Très en jambes, Loïc Rémy et surtout André Ayew butent longtemps sur un Ochoa des grands jours. Le gardien mexicain est même époustouflant lorsqu’après avoir repoussé un pénalty tiré par l’attaquant ghanéen, il parvient à repousser sa tête plongeante à bout portant. Du pain béni pour les supporters qui se signalent par une deuxième bronca. On ne joue que depuis 20 minutes ! Car les Corses, 19e de L1, ne sont pas si inoffensifs que ça. Quelques minutes plus tôt, un lobe astucieux de Cavalli atterrit ainsi sur la barre de Mandanda (12e).
Mais cet OM-là, plus inspiré et plus joueur, trouve logiquement la faille. Après une belle aile de pigeon de Jordan Ayew, son frère, André, trompe sans mal Ochoa (1-0, 30e). Instinctivement, il se dirige alors vers les supporters pour, d’une main sur le cœur, s’excuser du pénalty manqué. Deschamps respire mieux. D’autant qu’en dépit d’un léger relâchement, son équipe prend le large au retour des vestiaires. Un but une nouvelle fois signé André Ayew. Sur un centre parfait de Valbuena, l’attaquant olympien, libre de tout marquage, place une tête imparable (2-0, 50e) qui contribuera sans doute à apaiser le climat des prochains jours à l’OM. « Petit vélo » signe au passage sa 6e passe décisive de la saison, ce qui en fait le meilleur passeur du championnat. Comme quoi Marseille est au moins en tête d’un classement cette saison…
Le titre de l'encadré ici
Quand le Vélodrome se tait...|||
« Silence on coule », « Bougez-vous le cul », « Gerets reviens vite », « Millionnaires dans la vie, clochards sur le terrain ». Les innombrables banderoles affichées aux quatre coins du Stade Vélodrome sont impitoyables. Certaines sont plus drôles et volontairement provocatrices : « Encore 36 points pour éviter la relégation », ironisent les Winners depuis leur Virage Sud… qu’ils avaient désertés pour cette rencontre face au promu corse.
Ce samedi soir, dans un Stade Vélodrome qui n’a jamais sonné aussi creux depuis de nombreuses années en championnat, l’ambiance est donc à la défiance pour une grande majorité des fans de l’Olympique de Marseille. Ainsi, au moment de l’entrée des vingt-deux acteurs, la vingtaine de milliers de supporters massés au sein de l’enceinte provençale ne se font pas prier pour copieusement siffler leurs protégés. Avant de, subitement, se taire pour matérialiser leur déception devant le début de saison calamiteux réalisé par leur club de cœur.
Le coup d’envoi pouvait bien être donné, c’est un silence de cathédrale qui allait accompagner les Olympiens lors de cette première mi-temps. En ce début de rencontre, seuls les quelque 200 Ajacciens donnent de la voix. Ambiance de huis clos. Surréaliste. Près d’une vingtaine de minutes plus tard, le point d’orgue est atteint. Alors qu’André Ayew manque son penalty, les supporters redoublent de colère (20e). Lazzis, quolibets, invectives, le Vélodrome déverse une froide colère.
Il fallait alors être très fort mentalement pour se remettre d’une telle humiliation. Et pourtant, malgré la pression ambiante, les Marseillais réalisent la prestation la plus conforme à leurs moyens de ce début de saison. « D’accord, le silence c’est plus facile pour donner les consignes, sourit timidement Steve Mandanda qui a offert ses gants à des supporters. Mais on préfère largement un Vélodrome bouillant, qui nous pousse. A nous de tout faire pour retrouver nos supporters. » Les retrouvailles sont prévues dès mardi face à Lens (L2) en huitième de finale de Coupe de la Ligue. Pas forcément la plus belle affiche pour mettre de nouveau le feu aux gradins…