Ben Arfa, c’est quoi le problème ?

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Cinquante-huitième minute de Marseille-Lyon (1-3), dimanche soir. Hatem Ben Arfa cède sa place à Baky Koné. La bronca du Vélodrome est spectaculaire. Pas question ici de dépit passager après une prestation décevante : c’est quasiment une cassure entre les supporters de l’OM et leur meneur de jeu à laquelle on assiste. En même pas une heure de présence face à son ancien club, l’international a cristallisé les rancœurs. Une première fois après dix-huit minutes de jeu, en oubliant Brandao sur sa droite pour servir Mathieu Valbuena, beaucoup moins bien placé que le Brésilien sur le coup ; une grosse occasion de gâchée pour les Olympiens. Une seconde, fatale, à trois minutes de la mi-temps, quand Ben Arfa abandonne ses obligations défensives pour laisser filer Delgado (une course de 82m sans opposition !) dans une contre-attaque lyonnaise bientôt gagnante.
Deux actions révélatrices de la saison de l’ex-enfant gâté du football français. Trop individualiste et lent dans la transmission de balle d’abord, nonchalant et manquant de la plus élémentaire solidarité ensuite. « Hatem a eu un comportement de tricheur », estimait même après la rencontre Jean-Michel Larqué, le consultant de RMC Sport, très remonté contre le gaucher. La comparaison avec le Bordelais Yoann Gourcuff, qui survole la Ligue 1 et se montre décisif dans la course au titre, n’est pas à l’avantage du Marseillais.
Cana : « Dans sa tête, ce n’est pas encore un top »
C’est entendu : Hatem Ben Arfa possède une technique largement au dessus de la moyenne. Ses dribbles chaloupés, sa facilité à éliminer ses adversaires ont longtemps constitué son plus sûr passeport pour la gloire. Mais à 22 ans, et au crépuscule d’une première saison décevante sur la Canebière (6 buts, 2 passes décisives en L1), le doute est désormais permis sur son réel potentiel. « Le plus gros du travail, c’est désormais à lui de le faire dans sa tête, confiait ce lundi à la Commanderie son capitaine Lorik Cana. Dans les jambes, on sait tous que c’est un top. Dans sa tête, ce n’est pas encore le cas. » Le tout dit d’une voix embarrassée, pour ne pas dire lassée de devoir régulièrement monter au créneau pour défendre un « petit frère » régulièrement pris le doigt dans le pot de confiture.
Après des algarades à l’entraînement avec certains de ses coéquipiers -Mbami en tête-, un refus d’entrer en jeu en fin de partie contre le PSG en octobre, des sorties médiatiques oscillant entre maladresse et arrogance, Ben Arfa a découragé une bonne partie de ses plus inconditionnels supporters. « Ces derniers mois, j’ai tellement appris que j’ai forcément retenu, affirmait-il avant le match. La fin de saison sera belle. Et la saison prochaine sera énorme ! » Mais, entre explosion et implosion, on ne sait pas encore de quoi elle sera faite.