
Berthod, de la Ligue des champions à Pôle Emploi

Jérémy Berthod - -
Il y a un peu plus de deux ans, il se dressait devant Luis Suarez et Grégory van der Wiel, dans son couloir de gauche, un soir de victoire en Ligue des champions face à l’Ajax Amsterdam (2-1). Ce souvenir semble désormais bien lointain pour Jérémy Berthod. En fin de contrat en juin dernier, le joueur de 28 ans n’a pas été conservé par l’AJA, descendue en Ligue 2, et dont les finances sont dans le rouge. Malgré ses neuf ans de carrière professionnelle et un CV qui affiche 144 matchs de Ligue 1 et 14 matchs de Ligue des champions, le Rhodanien n’a pas retrouvé de club. Et n’a remis les pieds qu’une fois au stade Abbé-Deschamps, ressentant « un peu de honte ».
Prêt à repartir en Ligue 2, il a surtout reçu des propositions « farfelues », venant d’Azerbaïdjan ou d’Iran. Un saut dans l’inconnu que l’ancien Lyonnais, père de deux enfants, n’a pas effectué. Pourtant, les cartons sont prêts dans la maison située dans la campagne icaunaise. « On vit au jour le jour, on est suspendu au téléphone à chaque instant. On n’attend qu’une chose, c’est de partir », avoue sa femme Elodie. « Dès que le téléphone sonne avec un numéro que je ne connais pas, je m’enthousiasme un peu », renchérit son mari.
Mais en attendant le coup de fil qui le fera définitivement changer d’air, il s’entretient comme il le peut. Au départ, seul, en allant courir le matin. Puis dans une salle de fitness. « C’était difficile de retrouver la motivation donc j’ai trouvé cette salle, explique l’arrière gauche. Je viens tous les matins de 9h à 12h pour m’entretenir et avoir l’impression de faire quelque chose. Je garde à l’idée de trouver un club donc il faut que je sois prêt à tout moment. Je ne viens pas là par plaisir. »
« Montrer que je suis encore vivant »
Et si Berthod frappe toujours le ballon deux à trois fois par semaine avec l’équipe de son village, le reste de son temps est consacré à sa vie familiale… et aux démarches d’un chômeur lambda. « Dès le 30 juin, j’ai dû aller m’inscrire à Pôle Emploi. Ça fait grincer des dents mais je pars du principe que j’ai cotisé comme tout le monde et que j’en ai le droit », lance le joueur formé à l’OL. S’il est conscient d’être un privilégié au niveau financier, il n’en garde pas moins le sens des réalités, préparant déjà sa reconversion en suivant une formation de création d’entreprise, avec l’aide de l’UNFP.
Le compte à rebours a commencé. Jusqu’au 31 janvier prochain, il peut s’engager où il le souhaite. Ensuite, ce sera définitivement terminé pour la saison 2012-2013. « Heureusement que la famille est là. Il y a des jours où j’ai envie de tout casser, de me battre, mais d’autres où c’est plus difficile, surtout le week-end quand il y a des matchs à la télé. L’amour-propre en prend un gros coup, j’ai envie de montrer que je suis encore vivant. » Surtout pour que le petit dernier voit son papa jouer sur une pelouse professionnelle. Et « pas que sur des photos ».