Bordeaux-ASSE : Gillot, l’homme clé

Francis Gillot - -
« Un match de DH, une équipe de DH ». Il y a un mois et demi, un soir d’élimination en 8e de finale de Coupe de la Ligue, à Montpellier (1-0), Francis Gillot aurait pu perdre son groupe, le voir se dresser contre lui. « Je n’aime pas du tout faire ça, assure avec du recul l’entraîneur des Girondins de Bordeaux. Ça m’embête, de parler comme ça. Ce n’est pas réfléchi, ça part à la fin du match… On ne peut pas me refaire. Mais quelque part, ça a servi. » Depuis ce coup de gueule, ni le premier ni le dernier de sa carrière, son équipe a gagné six des neuf matchs qu’elle a eu à jouer, s’est qualifiée pour les 16e de finale de la Ligue Europa et flirte avec le podium de Ligue 1. Elle n’est retombée qu’une seule fois, encore à Montpellier (1-0, 25 novembre).
Un automne qui renforce l’idée d’une adhésion complète des joueurs à la « méthode Gillot ». Au Haillan, son implication, la finesse de son analyse et son honnêteté rendent le coach particulièrement populaire. « Il a sa franchise, reconnait Marc Planus, un cadre. Que ce soit positif ou négatif, le discours est le même dans le vestiaire. Donc on n’est pas surpris. » Rafraîchissant, décalé, l’ancien entraîneur de Lens et Sochaux n’est pas dans le clientélisme, le copinage, ailleurs utilisé pour préserver des intérêts et calmer les ego. « Je ne ferme la porte à personne, indique-t-il. Moi, les noms, je m’en fous complètement. Si des joueurs ne sont pas contents, ils s’en vont à Noël. Ce n’est pas un problème. »
« Il n’a rien à perdre »
Aucun privilège à réserver à certains, aucun placard où envoyer quelques autres. « C’est quelqu’un qui n’est pas formaté, apprécie Ludovic Obraniak, son homme de confiance. Si demain, il devait claquer la porte et que tout s’arrête, ça ne serait pas dérangeant pour lui. Il n’a rien à perdre. Ça peut paraitre atypique. Mais ça a le mérite d’être vrai. » Francis Gillot n’est pas que « cash ». Sa méthode ne se résume pas à dire ce qu’il pense sans se soucier des réactions. Depuis son arrivée à Bordeaux en juin 2011, il a développé les qualités tactiques de son groupe en le rendant capable de jouer dans plusieurs schémas. Avec un objectif à court terme, comme au temps de la défense à cinq, pour se rassurer et prendre des points. Et aussi une vision managériale.
« Quand on change de système, on se remet en question, explique-t-il. Un garçon qui joue toujours au même poste, au bout d’un moment, il l’entend mais ça ne le motive pas forcément. Une nouvelle mission, ça booste les joueurs. » Et ça fonctionne. « On était au fond du sceau il y a un an, quasiment relégables, rappelle Laurent Perpigna, porte-parole des Ultras Marines. Aujourd’hui, même si ce n’est pas toujours fameux, on n’est pas ridicule. » Et l’ambition revient. « Si on lui donne réellement les moyens, il peut faire quelque chose de très bien, est persuadé ce supporter du virage sud de Chaban-Delmas. Il est attachant, il a du caractère. On pense que c’est la personne idéale pour refaire de Bordeaux un club qui tutoie les premières places du championnat. »