Bordeaux : Gillot, le « roi » de la bricole

Engagé dans une cure d’austérité voulue par l’actionnaire M6, l’entraineur des Girondins de Bordeaux s’appuiera, comme d’habitude, ce jeudi contre Newcastle en Ligue d’Europa, sur les jeunes du centre de formation. Tant que les résultats suivent…

A première vue, Francis Gillot va boucler ce jeudi soir à 19 heures à Chaban Delmas une phase de poule d'Europa Ligue avec le sourire. Les Girondins abordent cette 6e journée de la C3 en position de leader de leur poule D et il leur suffirait d'un match nul contre Newcastle pour conserver cette première place permettant d'éviter en 16e de finale des équipes reversées de la Ligue des champions, et assurant un match retour à domicile. Météo au beau fixe donc au-dessus de Bordeaux, toujours dans le coup en championnat (6e), à 6 points du leader, et à 2 unités de l’Europe. Reste que l’aventure européenne ne rapporte pas un centime dans les caisses du club au scapulaire. A moins d’une place en finale (3M€ pour le vainqueur, 2M€ pour le vaincu), la problématique restera la même toute la saison : faire des é-co-no-mies !

Le club marine et blanc a déjà réduit de moitié le montant de ses pertes. De 22M€, le passif est passé à 11M€. A l'intersaison, Bordeaux avait été le seul club de L1 à ne pas avoir recruté, dégraissant à l’inverse autant que possible : Ciani (Lazio Rome), Salif Sané (Nancy), Krychowiak (Reims) sont ainsi partis et quatre joueurs sont en prêt (Modeste à Bastia, Chevalier au GFC Ajaccio, Savic à Dresde et Sala à Orléans). Résultat, Gillot doit faire avec un groupe pro de 26 joueurs dont plusieurs jeunes qui viennent de signer leur premier contrat professionnel (Poundjé, Sacko, Poko). « C’est plus facile pour un entraineur de faire une équipe avec 30 joueurs, c’est vrai qu’en défense centrale, ce n’est pas un luxe de n’avoir que trois joueurs. C’est comme ça, il n’y pas d’argent, on ne va pas payer avec des cacahuètes. » Le budget pour cette saison est de 70M€, soit un petit peu moins que la saison passée (72,5M€), mais beaucoup moins qu’en 2009-10, la saison d'après-titre (111,5M€). « Bordeaux n'est pas le Qatar du Sud-Ouest », avait prévenu Nicolas de Tavernost, le patron de M6.

Triaud : « Si des joueurs sont moins utilisés par l’entraineur… »

Seule la vente de Ciani pour 2M€ à la Lazio a rapporté de l’argent frais. Les salaires des joueurs sous contrat ne pouvant être touchés, l’actionnaire fait pression sur l’encadrement sportif pour voler en low cost. Gillot n’a d’autre choix que de travailler avec des jeunes dirigés par le tandem Patrick Battiston-Marius Trésor. Contre Bruges en Ligue Europa en septembre, la moitié des seize joueurs de la feuille de match étaient issus du centre de formation. « Notre base de fonctionnement doit être 50 à 60% du groupe pro formés au club », explique Alain Deveseleer, le directeur général des Girondins.

Louis Chenaille (avec O.S. à Bordeaux)