Bouchet : « L’OM ne connaît pas ses supporters »

Ancien Président de l'OM de 2002 à 2004, Christophe Bouchet dirige aujourd'hui la société Sportfive spécialisée dans le merchandising des clubs professionnels de L1 et de L2 et les droits télévisuels. Celui qui avait tenté de mettre un terme à la mainmise des sections de supporters dans les virages du Vélodrome évoque dans un entretien vérité accordé à RMC Sport les dossiers chauds du moment et notamment le prochain Paris SG-Marseille...

Christophe Bouchet, vous songiez à l'époque de votre présidence à remettre en cause la mainmise des sections de supporters sur les abonnements du Vélodrome. Aujourd'hui, rien n'a changé. L'OM accorde-t-il trop de poids à ses supporters ?
C'est le vrai problème de l'OM aujourd'hui ! C'est un système qui a eu son bonheur, encouragé par les pouvoirs publics locaux. Aujourd'hui, c'est un système qui freine le club dans son développement. Je ne remets pas en cause le pouvoir des supporters mais le fait que l'OM, par ce système, ne connaisse pas ses supporters. C'est un frein économique. Le club ne sait pas qui réellement se trouve dans ses virages. Il y a un arbitrage à faire qui doit être politique. L'actionnaire de l'OM doit décider si c'est un frein énorme ou pas.

En pleine polémique sur le Clasico, quel est votre avis sur les présidents de l'OM et du Paris, Jean-Claude Dassier et Robin Leproux ?
Jean-Claude Dassier est plutôt vers la fin de sa carrière que vers le début. On peut facilement se mettre à sa place. Il peut se dire : « Pourquoi à la fin de ma carrière irai-je m'ennuyer avec des problèmes dont je n'aurai pas les fruits dans 3, 4 ou 5 ans ? » En revanche, chez Leproux, on sent un homme concerné par son club et la construction de son club. Jean-Claude Dassier est à une période de sa vie où on peut imaginer qu'il est moins concerné par la construction...

On ne prend pas le temps de construire dans les grands clubs en France ?
Le seul qui ait pris le temps est Jean-Michel Aulas. On a vu le résultat, c'est une réussite. Aujourd'hui, le pouvoir économique induit un développement sportif. Il y aura un nouveau stade à Marseille. Est-ce que le club en aura la pleine jouissance et les pleins revenus ? Seul le club peut savoir. Ce sont des sujets où il ne faut pas faire le malin. Ce qui est vrai un jour ne l'est pas le lendemain. Un but, une erreur d'arbitrage, un voyage à Paris qui se passe mal, et tout peut s'inverser dans la même seconde... Ce n'est pas facile d'avoir un avis quand on n'est pas soi-même dans la cocotte. Et quand on y est, c'est compliqué d'en avoir un aussi...

Propos recueillis par Christophe Couvrat