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Boutonnet (Ministère de l’Intérieur) : « L’heure est à l’apaisement »

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Antoine Boutonnet, commissaire à la tête de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, revient sur la création de cette nouvelle unité spécialisée. Après la mort d’un supporteur du PSG, il estime que la tension est redescendue d’un cran. Au moins temporairement.

Pourquoi avoir créée cette division de lutte contre le hooliganisme ?
Le Ministère de l’Intérieur a souhaité créer une division nationale de lutte contre le hooliganisme par rapport à un certain nombre de faits de violences qui ont été commis dans et aux abords des stades. Elle se compose d’une vingtaine de personnes et a trois objectifs principaux : mieux coordonner les capacités de renseignement avec les acteurs responsables sur le terrain, mieux identifier les individus à risques afin de pouvoir les interpeller et les sanctionner, et enfin apporter aux préfets et aux directeurs départementaux un appui renforcé en termes d’organisation.

Combien y-a-t-il de hooligans en France aujourd’hui ?

D’abord il faut savoir de quoi on parle. Quand on parle de hooligans, on parle de gens adeptes de la violence. J’utiliserais plutôt le terme de délinquants pour les qualifier. En ce qui concerne ces individus bien particuliers, on peut estimer grosso-modo qu’ils sont entre 3 ou 4 % parmi les supporteurs de football en France.

Ce phénomène touche-t-il l’ensemble des clubs hexagonaux ?
Il y a des clubs qui sont connus, où quelques supporteurs sont ciblés. Maintenant, toutes les équipes ne sont pas forcément concernées par le phénomène.

Avant le match Rennes-Toulouse ce week-end, une centaine de supporteurs nantais et toulousains se sont donnés rendez-vous pour se battre…
Il y avait un petit contentieux entre eux pour une histoire de banderole. Ça part d’une futilité. Sur cette affaire, nous sommes en train d’étudier les faits et un certain nombre de sanctions seront demandées. Mais lorsqu’on parle de « fights », il faut tout de même relativiser. Quand on en a connaissance, on intervient et des interpellations sont effectuées. Ça a été le cas très récemment. Des identifications ont été faites.

Quels sont les profils de ces hooligans français ?
On est en train de faire une étude sociologique pour voir qui sont ces personnes adeptes de la violence. On a une tranche d’âge entre 18 ans et 37 ans. Les catégories socio-professionnelles sont quasiment toutes touchées par le phénomène.

Pourquoi lorsqu’une bagarre démarre, les forces de l’ordre n’interviennent pas immédiatement alors qu’elles sont présentes sur les lieux ?
Il ne s’agit pas d’intervenir n’importe comment, dans n’importe quelles conditions. Le maintien de l’ordre, c’est un véritable métier. Les personnes qui commettent des infractions se mélangent intentionnellement à des gens qui n’ont absolument rien à voir. C’est la même chose qu’avec des casseurs. Les conditions doivent être totalement réunies pour intervenir.

Etes-vous inquiet en vue de la finale de la Coupe de la Ligue entre l’OM et Bordeaux samedi au Stade de France ?
Tout est mis en place pour que cette rencontre se déroule dans de bonnes conditions. Tous les services sont mobilisés pour que ça se passe du mieux possible. Le dispositif est en cours de finalisation. Et puis, on est dans une période particulière pour les supporteurs. Il y a un deuil et un respect par rapport à ce deuil. Pour une grande majorité, l’heure est à l’apaisement plutôt qu’à l’expression de la violence.

La rédaction -After Foot (G. Brisbois)