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Brandao : la prison ferme, une peine "lourde" et "sévère"

Brandao

Brandao - AFP

La condamnation de Brandao à un mois de prison ferme pour son coup de tête à Thiago Motta, une sanction qui va être aménagée pour lui éviter le séjour entre quatre murs, a beaucoup fait réagir dans le milieu du ballon rond. Qui juge la peine trop lourde pour de tels faits.

Partout, des mots similaires. La même incrédulité. Des qualificatifs qui tournent en boucle. Sévère. Lourd. Disproportionné. Aucun doute : la condamnation civile de Brandao à un mois de prison ferme (peine qui sera aménagée, peut-être en travaux d’intérêt général) a surpris le monde du football français. A Bastia comme ailleurs. Vu son geste, tous sont d’accord, le Brésilien méritait sanction. Mais peut-être pas à ce point… A tout seigneur tout honneur, le tour des jugements sur le jugement débute en Corse avec Pierre-Marie Geronimi. Qui n’hésite pas jouer la carte du parisianisme.

« La sanction nous paraît extrêmement lourde, a commenté le président bastiais devant les médias. Si cette jurisprudence doit désormais s’appliquer… Je regarde les journaux et je n’ai pas encore vu de peines aussi lourdes quand des gens cassent ou brûlent des choses. On voit des affaires avec du sursis pour des violences aggravées sur des enfants ou pour des actes de pédophilie. Et là, un mois ferme ! Un ancien dirigeant du club s’est fait frapper à coups de pied dans la tête alors qu’il était à terre. Il a eu une triple facture. La personne qui lui a occasionné tout ça n’a pas pris de ferme (l’ancien Lensois Gabriel Cichero, ndlr). Mais c’était dans les couloirs de Bastia, pas dans ceux du Parc des Princes… On m’explique que le climat n’était pas propice avec toutes les affaires du moment dans le foot. Mais lorsqu’on condamne quelqu’un à un mois de prison ferme, il y a d’autres choses à prendre en compte. Il devait y avoir sanction car son geste n’avait pas lieu d’être. Mais c’est lourd. »

« Dès qu’un joueur sera blessé par un autre, il va porter plainte »

Si elles sont moins virulentes, les autres familles du football français vont dans le même sens d’analyse. « Un quidam qui fait ça n’a pas de prison ferme donc ça paraît élevé, estime Philippe Piat, président de l’UNFP, le syndicat des joueurs. Il paie non seulement son image de footballeur mais surtout de sportif. Les sportifs sont censés donner l’exemple, donc il est plus mis à l’index qu’un quidam. C’est une décision un peu lourde d’un certain point de vue et logique d’un autre. Ce qu’il a fait méritait une sanction. On veut affubler les sportifs de toutes les vertus mais ce sont des hommes comme les autres. »

Président de la Fédération, Noël Le Graët n’a pas non plus caché sa surprise. Sans oublier de rappeler à la justice qu’elle devrait peut-être parfois laisser les instances sportives des décisions : « Je trouve que c’est sévère. Pour des incidents à la sortie d’un match, un mois ferme, ça me parait beaucoup. Je ne souhaite pas que la justice puisse être saisie dès qu’il y a un incident, même s’il est grave. Les instances sportives punissent déjà d’un certain nombre de matchs ou de mois, ça me semble suffisant. » Son de cloche similaire chez les consultants. « Ce que Brandao a fait n’est pas bien, les images sont fortes, mais je trouve que cette sanction est trop importante », a commenté Juninho. Autre membre de la Dream Team RMC Sport, Luis Fernandez insiste : « Cette décision est très sévère. Il aurait mieux valu donner tout de suite des travaux d’intérêt général pendant un, deux ou trois mois. A ce moment-là, qu’est-ce qu’on va faire dans le rugby ou dans le football amateur ? On ne peut pas cautionner son geste mais un mois de prison ferme, on rêve… Beaucoup vont y aller : dès qu’un joueur sera blessé par un autre, il va porter plainte. » L’avenir du football se jouera-t-il en partie dans les prétoires ?

La rédaction avec M.M., P.-Y.L. et J.P.