RMC Sport

Cayzac-Diouf : « On peut être adversaires et pas ennemis »

Pape Diouf  et Alain Cayzac

Pape Diouf et Alain Cayzac - -

A quatre jours d’OM-PSG, Alain Cayzac et Pape Diouf étaient les invités de Luis Attaque sur RMC. L’ancien président parisien (2006-2008) et son homologue marseillais (2005-2009) sont revenus sur leurs souvenirs de ces chocs à l’atmosphère si particulière.

Messieurs, quels sont vos souvenirs des chocs entre l’OM et le PSG ?

Diouf : Mon meilleur souvenir, j’ai du mal à le dire mais je peux parler du souvenir le plus marquant. Pour moi, c’est lorsqu’on a dû amener une équipe de « minots » à Paris (0-0, le 5 mars 2006, ndlr), lors du conflit qui avait opposé les deux clubs. A l’époque, Alain n’était pas le président du club, même s’il faisait partie des dirigeants historiques. Je ne m’entendais absolument pas avec le président de l’époque (Pierre Blayau). Je n’ai pas pu discuter avec lui pour essayer de trouver une solution et ne pas aller vers ce conflit.

Cayzac : J’ai beaucoup de bons souvenirs mais ce n’était pas à l’époque où j’étais président. Les bons souvenirs que j’ai de ma présidence concernant les matches entre le PSG et l’OM, sont les rapports respectueux et amicaux entretenus avec Pape. Après une période très difficile et très tendue, on a réussi à éviter des incidents graves. Ça c’est un bon souvenir. Ce n’est pas un souvenir sportif mais c’est un très bon souvenir pour moi.

L’ambiance autour du match était vraiment le plus important ?

Diouf : Je remercie Alain pour ses propos aimables. Très rapidement, lui et moi avions pris le parti de dédramatiser, dépassionner et décrisper, même si nous savions que les matches OM-PSG et PSG-OM valaient aussi par le besoin de passion. Nous n’avons pas alourdi le climat par des déclarations intempestives ou irresponsables, même si nous avions chacun gardé notre caractère et la personnalité du club qu’on représentait.

Cayzac : On était sur la même longueur d’onde. Il ne faut absolument pas dire que c’est un match comme les autres. Justement, ce n’est pas un match comme les autres. Et heureusement. Il faut garder la passion, l’esprit de compétition et la rivalité entre Paris et Marseille. Mais il faut évidemment dire non à la violence. On a tout fait pour ça, donc je crois qu’il ne faut pas mélanger les choses. Il ne faut pas d’un coup considérer qu’on joue ce match comme les autres. Mais on peut être adversaires et pas ennemis.

Cayzac : « Halilhodzic me demandait de faire la causerie d’avant-match »

Avez-vous des souvenirs de certaines choses (discussions, réunions, causeries, avant-match ou après-match…) qui se sont passées en coulisses ?

Cayzac : Je n’ai pas de véritables souvenirs sous ma présidence. Tout au long de ma carrière de dirigeant, car ce n’est pas résumé à deux ans de présidence, quand on jouait contre Marseille, on me demandait en général de faire la causerie. En particulier, Vahid Halilhodzic. C’était également la volonté de Paul le Guen, je ne l’ai pas fait avec Luis (Fernandez) mais les entraîneurs ont chacun leur façon de faire. Durant ma présidence, je me suis toujours adressé aux joueurs avant les matches. J’expliquais aux joueurs que c’était une grande chance de jouer des matches de cette qualité et qu’ils seraient beaucoup jugés par les supporters sur ces rencontres. Quand le club ne marchait pas bien, on pouvait sauver la saison par une victoire contre l’OM. Je parlais avec mon cœur et je pense que je trouvais les mots qu’il fallait. 

Diouf : Je crois qu’Alain a assez bien résumé la situation puisqu’il n’était pas rare que la semaine du match, nos supporters viennent nous voir et nous disent : « Peu importe le classement final, l’essentiel est de gagner ce match-là. » Ce qui m’a amené à regretter sur le plan personnel qu’on n’ait pas pu trouver des solutions pour laisser les supporters des deux clubs se rendre respectivement dans le stade de l’adversaire. Ça m’est arrivé de parler aux joueurs durant ma présidence. Mais durant ce fameux match des « minots », j’ai dit aux joueurs que c’était certainement le match le plus facile de leur carrière. S’ils le perdaient, on ne leur en voudrait pas et en ne le perdant pas, ils devenaient les héros du stade.

Comment voyez-vous le PSG et l’OM d’aujourd’hui ?

Diouf : Le Marseille d’aujourd’hui, il interroge, même s’il a gagné ses six premiers matches. C’est une équipe qui a un effectif de qualité, avec plusieurs internationaux ou anciens internationaux. Il manque peut-être un effectif plus élargi qualitativement et quantitativement car il est assez limité. Il n’y a pas les moyens financiers. L’erreur en ce début de saison, c’est d’avoir pensé que l’OM ne serait pas bien cette année car il avait terminé 10e la saison dernière. Tant mieux pour l’OM car l’actuel président en a profité pour dire tout de suite que Marseille jouait la 5e place cette saison. Mais je pense que l’OM doit jouer chaque saison sur le podium. C’est ce qu’il faut dire et faire. D’autant que la masse salariale de l’OM reste l’une des plus importantes, et l’effectif reste de qualité.

Cayzac : Moi, je suis absolument enthousiaste sur le nouveau PSG. C’est vrai qu’il y a des moyens. Avant, on se plaignait qu’il n’y avait pas assez d’argent alors qu’aujourd’hui, on va dire qu’il y en a beaucoup. Je trouve que l’argent est bien utilisé. Il y a des bons joueurs dans chaque ligne, avec des stars et un bon équilibre. Ça a été un peu difficile au début, tout le monde s’y attendait. Mais aujourd’hui, on a vraiment une belle équipe. Pour la première fois depuis un bon moment, OM-PSG va opposer le premier et le deuxième du championnat. Ça va donc être formidable.

Diouf : « L’OM va gagner »

Quel est votre favori pour dimanche ?

Diouf : J’ai un pronostic à deux têtes. J’ai évidemment le pronostic du cœur où je penche très nettement pour l’OM. Et je pense que l’OM va gagner. Maintenant, c’est vrai que la raison fait des objections. Et de ce point de vue, il faut sans doute attendre le jour du match car Paris n’est pas un adversaire facile à bouger. A l’OM, il y a déjà une chose positive, c’est qu’il n’y a plus ce climat gangrené par la dispute de deux dirigeants, en l’occurrence les deux têtes de l’exécutif sportif. Aujourd’hui, tout le monde dit que Marseille gagne sans Deschamps mais je peux vous dire qu’avec le même contexte, dans ce climat assaini, l’OM aurait eu les mêmes bons résultats avec Deschamps.

Cayzac : Je ne vais quand même pas parier pour l’adversaire. C’est mal vu en ce moment. Mon choix de cœur est évidemment Paris. Mon choix de raison est plutôt le PSG mais je me méfie. Ça va être un match très ouvert car l’OM a quand même gagné six matches. Mais ils ont eu un accident à Valenciennes (1-4).

A-t-on des chances de vous revoir un jour à l’OM et au PSG ?

Diouf : Ce que je peux dire, c’est que quand je suis parti, j’ai tourné la page au niveau de mon rôle de dirigeant, même si je reste toujours très impliqué sentimentalement. La preuve, je me rends au stade à chaque match de l’OM. On ne peut jamais dire jamais, surtout dans le football. Mais en me réveillant le matin, je ne pense pas au poste de président ou à un retour à l’OM. Est-ce que c’est envisageable ? Je ne me pose pas la question. La seule chose qui m’intéresse est d’être heureux quand Marseille gagne.

Cayzac : Un retour au PSG n’est absolument pas envisageable. Je continue d’être dans l’environnement et a donné mon point de vue quand on me le demande. Il y a un nouveau modèle et une formidable équipe dirigeante. Je ne vois pas très bien ce que je pourrais amener. 

Diouf : Le football est quand même ingrat car, très honnêtement, le dirigeant le plus méritant de PSG, Alain Cayzac, c’est peut-être celui qui n’a pas obtenu les résultats qu’il méritait. Il restera parmi les dirigeants les plus historiques du club.