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Ce qu’il faut attendre du mercato franco-français

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Demain va débuter une fenêtre de transfert historique, un mercato 100% français. En effet, alors que la plupart des grands championnats européens ne sont pas encore finis, la France, comme la saison est officiellement terminée, a officialisé le début du mercato estival. A quoi donc devons-nous nous attendre?

La chose a été annoncée vendredi, après une réunion du conseil d’administration de la LFP: le mercato estival va débuter lundi 8 juin uniquement "entre clubs français". Il faudra attendre un prochain rendez-vous pour officialiser une ouverture au marché international en se calant avec les recommandations de la FIFA.

C’est donc un mercato intégralement français qui va commencer dès la semaine et il est déjà d’une importance capitale. Déjà parce qu’il faut assurer la comptabilité des clubs, largement atteinte par la crise économique, et garantir leur solvabilité devant la DNCG, qui ne retient les comptes que sur la période sportive, autrement dit jusqu’au 30 juin 2020.

Selon Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG, "les clubs ont anticipé 840 millions de plus-values sur les ventes de joueurs en 2019-2020. Et ils n’en ont réalisés, pour l’instant, que 630 millions d’euros". Il manque donc 210 millions d’euros de recettes pour assurer l’équilibre des comptes français.

Le Français se vend bien… mais surtout à l’international

Ce mercato, bien que largement recentré, prend donc une importance capitale. Mais toute la question sera de savoir si cette somme sera atteinte ou si la situation s’empirera pour les équipes de Ligue 1 et de Ligue 2. Car la France n’a pas pour habitude d’acheter et de beaucoup dépenser localement.

D’après Patrick Esteves, directeur du football à l’agence CSM, interrogé hier dans l’After, "le joueur français est beaucoup recherché à l’international. Il s’exporte et se vend très bien. Ainsi, beaucoup sont pour l’instant dans une position d’attente, en espérant peut-être être transféré ou signer à l’étranger. […] De même, beaucoup de clubs, parce que touchés par la crise économique, se positionnent sur des joueurs en fin de contrat afin de les acquérir gratuitement".

Ainsi, il n’y a aucune certitude que le mercato 100% français soit l’occasion de se refaire une santé économique. C’est aussi le sentiment de Raffaele Poli, du Centre International d'Etude du Sport, qui voit une fenêtre de transfert calme, où vont se multiplier les prêts, avec ou sans option d’achat, les trocs de joueurs, les paiements échelonnés sur un temps plus ou les échanges de créances.

Acheter et vendre local ne sera pas la solution

Traditionnellement, la vente nationale, entre clubs français, représente 45% des transferts sur la période 2010-2019 mais seulement 26% des flux financiers totaux. Ces derniers étant largement dominés par les échanges avec l’Angleterre. Depuis 10 ans, la balance commerciale avec la richissime Premier League est de 120 millions d’euros en moyenne par saison, avec des pics à plus de 500 millions d’euros certaines années.

Seulement, en se focalisant uniquement sur un marché local, les échéances comptables ne risquent pas d’être atteinte et rajouter de la difficulté aux clubs. Marseille, par exemple, avait l’obligation de réduire son déficit net de 60 millions d’euros au 30 juin prochain, suite à un accord de règlement passé avec l’UEFA. Celle-ci avait d’ailleurs rouvert une enquête en mars dernier, avant le début du confinement, après des incertitudes quant à la capacité de l’OM à remplir son objectif.

En misant sur un mercato international dès le mois juin, le club des Bouches-du-Rhône aurait pu espérer satisfaire les recommandations de l’instance européenne. Maintenant, avec un mercato recentré et refermé, rien n’est moins sûr.

Et c’est globalement ce dont à quoi pourraient s’attendre les clubs français. Ils pourront certes acheter et vendre mais seulement entre eux, entre des équipes touchées par la crise et qui n’avaient pas jusqu’ici l’habitude d’échanger localement.

Pierre Rondeau