Chapron, l’arroseur arrosé

Tony Chapron, l'arroseur arrosé - -
La Fédération française de football a enlevé à Tony Chapron l’arbitrage du match-phare de la 27e journée entre Rennes et Marseille, vendredi soir au Stade de la Route de Lorient. Une sanction attendue, tant le fondateur et ancien président du Syndicat des arbitres français d’élite (SAFE) s’est progressivement mis hors jeu dans le monde du football. La veille, la FFF avait annoncé que « le Conseil National de l’Ethique (CNE) auditionnera lors d’une prochaine réunion Monsieur Tony Chapron, arbitre fédéral, suite à ses déclarations publiques à l’encontre des dirigeants du football français. » Chapron avait qualifié de « bombe atomique » l’initiative de la FFF de suspendre l’ensemble des arbitres de L1 frondeurs après l’annonce vendredi de leur intention de retarder de 15 minutes les rencontres de la 26e journée en signe de protestation.
Un coup de force qualifié de simple « jet de pistolet à eau » par le Grenoblois. Droit dans ses crampons, Chapron a poursuivi en début de semaine, invitant ses collègues à boycotter une réunion tenue mardi avec la DNA et la FFF. Un jusqu’au-boutisme qui aura fini par lasser, la majorité des arbitres centraux honorant le rendez-vous avec Marc Batta. « Chapron est un dur, juge Eric Castellani, ancien président du SAFE, mais l’expérience récente prouve que c’est par le dialogue que les arbitres obtiennent gain de cause. Les temps ont changé. »
La bête noire de l’UCPF
Lâché par ses pairs, l’homme avait « réussi » à se faire beaucoup d’ennemis sur les pelouses de Ligue 1. Un arbitrage contesté lors de Valenciennes-Bordeaux (1-2), en mai 2009, avait notamment fait sortir Francis Decourrière de ses gonds. « La Fédération a bien fait de sanctionner M. Chapron, son attitude hautaine m’avait hérissé », se félicite le Nordiste qui avait qualifié le directeur de jeu de « raclure de bidet ». Sans le nommer, le président de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), Jean-Pierre Louvel suggérait mercredi que les « cas individuels devaient être sanctionnés ». C’est chose faite.
Mais si pour Castellani, le « Petit Chapron rouge », comme il est surnommé dans le milieu en raison de son extrémisme en dehors et sur les terrains, fait office de « lampiste », la méthode employée par les arbitres pour se faire entendre s’est retournée contre eux. « On ne peut pas demander à être mieux payé sans rien donner en échange, ça doit être du donnant-donnant. » L’ancien patron du SAFE craint les traces laissées par cette affaire auprès de l’opinion publique. « Ça donne une image désastreuse des arbitres, on passe pour des gens aveuglés par la cupidité. »