Disparition: Emiliano Sala, le destin brisé

Il venait de dire au revoir à ses coéquipiers. C’était lundi. Quelques heures plus tard, alors qu’il tentait de rejoindre le pays de Galles pour poursuivre sa carrière en Premier League, Emiliano Sala (28 ans) a tragiquement disparu dans un crash aérien. "La der". Son film préféré était "Carnets de voyages" (2004). Le sien s’est brusquement arrêté entre Nantes et Cardiff.
La vie de Sala, une invitation au voyage
Le long-métrage de Walter Salles raconte le périple de deux jeunes argentins (dont Enersto "Che" Guevara) confrontée à la réalité sociale des différents pays visités sur leur vieille moto baptisée "La Vigoureuse". Il parle de promesses d’amitié, est autant une invitation au voyage qu’une ode à la bonté, des valeurs partagées par Emiliano Sala. Derrière la grinta du "goleador" assoiffé de buts s’est toujours caché un homme sensible. Originaire du petit village argentin de Progreso (environ 3000 habitants), Sala a quitté sa famille très jeune, arraché aux siens par le destin et l’appel du voyage.
Trop rarement "jugé à sa juste valeur"
A l’instar des deux héros de son film préféré, Emiliano Sala s’est enrichi de cultures différentes. Il a cultivé la sienne, agrémentées des expériences partagées au fil de ses nombreuses rencontres. Sur le terrain, Sala a toujours vécu par le but et la haine de la défaite. Sala, c'est vrai, n’avait rien d’un esthète dans l’âme.
Plutôt celle d’un battant, d’un guerrier. Le dribble ne fait pas partie de son répertoire. L’Argentin a toujours lutté. "J’ai l’impression de ne pas être jugé à ma juste valeur. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que je dois prouver encore et toujours", lâchait-il avec émotion dans un entretien accordé à So Foot.
De la CFA2 à la Ligue 1, une magnifique ascension
Parti à quinze ans pour rejoindre le club de San Francisco puis celui de Proyecto Crecer dans la province de Cordoba, partenaire des Girondins de Bordeaux, Emiliano Sala a commencé à voyager en Europe alors qu’il n’avait que seize ans. Mais c’est quatre ans plus tard, en 2010, qu’il atterrit à Bordeaux et sa région viticole, dans le sud-ouest de la France.
Formé chez les Girondins où, selon lui, il n’aura jamais eu la chance de s’exprimer, étape par étape, le buteur a ensuite gravi les échelons du football français. Depuis la CFA2, il est parvenu à rejoindre le National avec Orléans puis l’échelon supérieur sous les couleurs des Chamois Niortais avant de toucher au plus haut niveau à Caen, en Ligue 1, "un véritable défi".
Sa maman, une source intarissable d'inspiration
Fasciné par Batistuta, même si sa plus belle source d’inspiration restera sa maman, resté proche de Vada, son ex-coéquipier à Bordeaux, dont le père fut son entraîneur, Emiliano Sala a été acheté par le FC Nantes en 2015. Il traversait la meilleure période de sa carrière avant que la mort ne le fauche en pleine ascension. Et suscitait enfin l’admiration de la Ligue 1.
En 19 matches cette saison, il avait déjà inscrit autant de buts (12) que sur l’ensemble de l’exercice précédent. Sa cote sur le marché des transfert était au plus haut. Waldemar Kita a choisi d’en profiter. Jamais depuis la fin de sa formation et son arrivée en France il y a près de dix ans, Emiliano Sala n’avait été si proche de concrétiser ses ambitions. Le sort en a décidé autrement.