Edel touche au but

Pendant au moins trois mois, le remplaçant de Grégory Coupet aura l'occasion de prouver qu'il peut être plus qu'une doublure. - -
Le voyageur compulsif a fini par poser ses valises. Arrivé en 2007, Apoula Edel vit sa troisième saison au PSG. Une rareté dans un CV qui a failli s’enrichir d’un club supplémentaire cet été. Lui qui nourrissait le secret espoir d’être propulsé gardien n°1 après le départ de Mickaël Landreau, n’avait pas si bien vécu que ça l’arrivée de Grégory Coupet. Au point d’envisager un nouveau départ. « Il a eu des sollicitations, confirme son entraîneur Antoine Kombouaré. Je me suis battu pour qu'il reste. » Bien lui en a pris puisque Edel va bénéficier de la grave blessure de l’ancien Lyonnais pour prendre possession du but parisien pendant au moins trois mois. Avec une première titularisation mercredi à Boulogne-sur-Mer, qui lui avait fait du pied à l’intersaison.
L’occasion est belle de montrer qu’il vaut mieux que son statut de doublure. Et de confirmer les promesses nées de ses quatre matchs disputés la saison dernière (Nancy en Coupe de la Ligue, Montluçon en Coupe de France, Wolfsburg et Braga en Europa League) sans encaisser le moindre but. « Il ne doit pas changer, estime son coéquipier Stéphane Sessegnon. Il n'hésite jamais à aller chercher les ballons, à aller au contact. C'est un grand gabarit et il est rassurant. » Des qualités qui avaient tapé très tôt dans l’œil de Bernard Casoni, au temps où ce dernier occupait le poste de sélectionneur de l’Arménie. Là où son parcours hors norme puise ses racines.
Coupet : « Il doit prendre ma place »
Né à Yaoundé il y a vingt-trois ans, le jeune Edel se retrouve embringué un peu malgré lui au Pyunik Erevan, via des intermédiaires douteux. Il y glane quatre titres nationaux (entre 2002 et 2005) mais aussi deux sélections avec l’Arménie, qu’il essaie désormais de faire effacer par la FIFA, afin renouer le Cameroun. « On l’a obligé à jouer avec la sélection arménienne, sous peine de ne plus être payé. On lui a fait du chantage et ce n’était pas évident de gérer ça à 18 ans, raconte Casoni. Il a aujourd’hui envie de jouer avec son pays natal, celui qui le fait rêver, c’est tout à fait normal. » S’il obtient gain de cause, il se murmure que le patron des Lions Indomptables, son ex-coach du PSG Paul Le Guen, pourrait en faire son portier titulaire à la Coupe du monde. L’Afrique du Sud est encore loin mais les embûches, Edel sait s’en accommoder.
Quittant l’Arménie en janvier 2006, le globe-trotter s’exile avec son entraîneur au Rapid Bucarest, qui le prête quelques mois au club belge de la Gantoise, avec un retour par la case roumaine. Il croise alors la route du PSG en Coupe de l’UEFA. Christian Mas, l’entraîneur des gardiens parisiens de l’époque, se rappelle du jeune gardien qui avait effectué un test au Camp des Loges deux ans plus tôt mais dont la prime de transfert réclamée par Erevan (1 million d’euros) avait été jugé prohibitive. Cette fois, l’affaire se conclut. Troisième gardien en 2007, puis deuxième suite au départ de Jérôme Alonzo un an plus tard, il aura mis deux saisons à gravir tous les échelons. Certes aidé par le coup du sort de samedi dernier. « Le wagon est là et il faut qu’il monte dedans, conseille, beau joueur, Grégory Coupet. Il doit prendre ma place, c’est le jeu. » Edel le nomade se verrait bien embrasser la vie de sédentaire.