EXCLU RMC SPORT - Anigo : "Certains joueurs se sont foutus de la gueule du club"

EXCLU RMC SPORT. Aujourd’hui basé au Maroc et détecteur de talents africains pour l’OM, José Anigo est revenu ce mardi dans Luis Attaque sur sa fin d’aventure sur le banc marseillais. Et annonce qu’il va boucler son diplôme d’entraîneur pour retrouver un poste la saison prochaine.

José, que faites-vous aujourd’hui ?

Je suis toutes les compétitions internationales de jeunes. Dans quelques jours commence la CAN seniors, je vais sûrement y aller. Avant de suivre la CAN des moins de 20 ans, puis des tournois dans toute l’Afrique, notamment au Maghreb. Je tourne et j’essaie de repérer des talents pour l’OM.

Vous vous sentez plus utile pour l’OM en Afrique qu’à Marseille ?

Oui, là où je suis, j’ai la possibilité de découvrir des pépites. Si je trouve un garçon de 18 ans avec des qualités importantes, je le signale à la cellule de recrutement professionnel. Sinon, mon travail concerne plutôt la détection de potentiels en devenir.

Vous êtes parti surtout pour vous éloigner de Marseille, notamment en raison du meurtre de votre fils ?

Evidemment, mais il n’y a pas eu que ça. La fin de saison dernière a été pénible pour moi parce qu’en voulant rendre service au club… (Il cherche ses mots). Je n’étais pas programmé pour devenir entraîneur lors des 6 derniers mois. Je l’ai fait en toute conscience mais ça s’est retourné contre moi.

Avez-vous envie de ré-entraîner en France ou ailleurs ?

Quand on sort d’un gros club, comme Marseille ou Paris, ce sont des clubs hors-normes… Tu vis une passion, des choses exceptionnelles dans ces clubs-là. Revenir en France, peut-être un jour, je n’en sais rien. Si je pouvais choisir, j’opterais pour l’étranger. J’ai envie de connaître une toute nouvelle expérience.

A un poste d’entraîneur ?

Oui, bien sûr en tant qu’entraîneur.

Vous allez passer votre diplôme définitif ?

Oui, je vais me présenter à la session de septembre. J’ai déjà trois modules, il m’en manque un. Il faut que je le passe pour avoir le dernier module, et après me lancer à l’étranger si possible.

Vous êtes redevenu entraîneur de l’OM, vous avez essuyé des critiques. Comment l’avez-vous vécu ?

Avec le recul qui est le mien aujourd’hui et l’éloignement, j’ai eu le temps de réfléchir à tout cela. Il y a des choses que j’ai mal vécues. Quand on a la tête dans le seau dans tous les jours… (Il cherche ses mots) Au fil des saisons, tu ne t’aperçois pas que t’es blessé par ce travail. Oui, il y a certaines critiques que j’ai très mal vécues, je ne les trouvais pas justes.

Le plus pesant pour vous, c’était l’environnement du club ou votre quotidien d’entraîneur de l’OM ?

C’est un tout. Il y a le drame que ma famille a vécu, effectivement ça a pesé énormément dans mon choix de partir. Mais je vous le redis, il n’y a pas que ça. Parce que je sentais que c’était la fin pour moi. Je pensais avoir bien mené les choses, humainement et collectivement, j’ai tout fait pour que ça se passe bien dans ce club. J’ai eu le sentiment d’avoir fait correctement mon travail. Dans le choix des joueurs, on peut toujours tout remettre en question. Sauf qu’il n’y a pas que des échecs, il y a aussi pas mal de réussites. Mais je trouvais qu’on ne retenait que le négatif. Sur la fin, c’était fatigant et usant.

L’OM est second de la Ligue 1, vous vous dites que des joueurs se sont moqués de vous la saison passée ? Quelle est votre analyse aujourd’hui ?

Il y avait avant moi un entraîneur, Elie Baup, qui pouvait aussi être déçu par la situation. Je lui ai succédé, j’ai pris la même chose (sic). On a resserré pas mal de choses, le mieux possible, alors que la saison était pas mal entamée. Après, je suis très content de la venue de Marcelo Bielsa. D’autant qu’à l’OM et c’est la même chose au PSG, je pense que c’est très difficile pour un entraîneur français. Malgré tout le boulot que tu peux accomplir, tu n’es jamais reconnu à ta juste valeur. Bielsa a amené quelque chose de nouveau. Combien de temps ça va durer ? Je n’en sais rien. Certains joueurs se sont foutus de la gueule du club, et aujourd’hui je suis très content de voir ces mêmes joueurs à un niveau bien meilleur. Ce sont des joueurs de talent, et je sais que grâce à Bielsa on ne s’était pas trompés sur le recrutement.

L’OM peut-il être champion ?

Je l’espère. Je suis souvent en déplacement, je n’ai pas l’occasion de voir tous les matches. En tout cas, sur la première moitié de saison, j’ai pu voir un très bon OM, avec du pressing, du jus. Là apparemment, ça se passe moins bien mais je pense que l’OM peut être sur le podium. Et même, être champion.

Marcelo Bielsa vous étonne-t-il ?

Au tout départ, quand Vincent (Labrune, président du club, ndlr) cherchait un entraîneur, je lui ai dit : ‘’Prends Bielsa’’. C’est quelqu’un qui met les clubs à l’endroit, qui a un très bon système de jeu. C’est un entraîneur à part, avec des idées différentes. Il fait partie des meilleurs entraîneurs au monde.

Luis Attaque