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Feindouno – Pires : « Tu te souviens, il y a 10 ans… »

29 mai 1999, Parc des Princes : Pascal Feindouno, qui a inscrit le 3e but contre le PSG (3-2), célèbre le titre de champion de France de Bordeaux avec ses co-équipiers Munoz Ivan Perez et Romain Ferrier.

29 mai 1999, Parc des Princes : Pascal Feindouno, qui a inscrit le 3e but contre le PSG (3-2), célèbre le titre de champion de France de Bordeaux avec ses co-équipiers Munoz Ivan Perez et Romain Ferrier. - -

A la lutte pour le titre il y a dix ans, l’ancien Bordelais Pascal Feindouno et l’ancien Marseillais Robert Pires se sont retrouvés dans l’émission "Luis Attaque". L’occasion d’évoquer ensemble la nouvelle lutte pour le titre que se livrent ces deux clubs cette saison.

Vous souvenez-vous de cette fameuse dernière journée de championnat, lors de la saison 1998-1999, qui a vu le sacre de Bordeaux aux dépens de l’OM dans les dernières minutes ?
Pascal Feindouno : Ça marque, même si c’était il y a dix ans ! On jouait à Paris et l’OM à Nantes. On faisait match nul au Parc des Princes 2-2 à dix minutes de la fin. Marseille menait à Nantes grâce à un but de Robert Pires.
Robert Pires : Cela reste une grosse déception. Que ce soit nous ou les supporters, on l’avait très mal encaissé. Bordeaux avait été très très bon. Nous aussi. On avait fait "mano a mano" durant toute la saison, mais on avait perdu un match capital au Parc des Princes (2-1, 32e journée). C’est là qu’on a laissé filer le titre selon moi.

Dans quel état d’esprit étiez-vous durant la semaine qui a précédé cette dernière journée ?
P.F. : Du côté des joueurs, on était tranquille. Les supporters, eux, voulaient à tout prix qu’on gagne. La préparation d’Elie Baup avait été surtout psychologique. Lui aussi voulait écrire une ligne à son palmarès. Pour les joueurs, le titre c’était important. A l’approche du match, on était un peu plus tendus.
R.P. : On a fait le maximum. On avait vraiment bien préparé ce déplacement à Nantes. On attendait que Paris accroche Bordeaux. A dix minutes de la fin, on était champion de France. C’est Pascal qui marque le troisième but bordelais.
P.F. : Tu ne m’as pas oublié !
R.P. : Eh non Pascal, on ne peut pas t’oublier à Marseille, c’est impossible ! (Rires) On ne peut que s’en prendre à nous-même. Le championnat, on l’a perdu au Parc des Princes face au PSG.
P.F. : Moi, c’était mon premier but en Ligue 1.

Bernard Lama aurait-il pu arrêter votre tir ?
P.F. : (Mort de rire) Je lui ai mis entre les jambes ! Il n’a rien compris. Ça allait trop vite pour lui !

Avec la rivalité avec l’OM, les Parisiens ont-ils joué le jeu ?
P.F. : Je peux vous dire qu’ils étaient à fond. Ils n’avaient rien à perdre. C’était à nous de jouer. Jusqu’à la dernière minute, on ne pensait qu’à remporter le titre. Les Parisiens ne nous ont pas laissés gagner ce match, sinon ils auraient tout aussi bien pu déclarer forfait.
R.P. : Paris ne nous a pas fait de cadeau. On connaît la rivalité entre les deux équipes. Mais ça n’enlève en rien aux qualités des Girondins qui avaient une grosse équipe cette année-là.

Vous teniez-vous au courant de l’évolution du score de l’autre match ?
P.F . : A la mi-temps, non. Moi, j’étais dans mon coin, concentré. J’étais remplaçant et pas encore professionnel. Je me tenais prêt. Elie Baup pouvait me faire entrer à tout moment. Celui qui prenait le plus souvent la parole dans le vestiaire, c’était Michel Pavon. On le respectait beaucoup. C’était un capitaine exemplaire sur et en dehors du terrain.

Pascal, méritiez-vous le titre ?
P.F. : Oui, même si on n’était peut-être pas les plus forts.

Si vous aviez un conseil à donner aux Girondins cette saison ?
P.F. : Cela fait dix ans que Bordeaux attend un titre de champion. Il faut tout faire pour être champion. C’est une très bonne équipe. Il y a des bons joueurs : Yoann Gourcuff qui est complet, Marouane Chamakh devant et des bons défenseurs.

A tous les niveaux, les contextes bordelais et marseillais sont complètement différents ?
P.F. : Bordeaux est une ville calme, bourgeoise. Les Bordelais sont plus tranquilles que les Marseillais.
R.P. : On connaît Marseille ! Le titre, les gens n’attendent que ça ! Quand ça marche bien, on est content d’avoir les supporters derrière nous. Le rôle de la presse va aussi être très important. Si on veut un peu de piment, on va à Marseille... Pas à Bordeaux.

Quel est votre favori ?
P.F. : Bordeaux. C’est le club de mon cœur et celui qui m’a formé.
R.P. : C’est indécis. Le calendrier est favorable aux Girondins, mais je penche en faveur de l’OM. Il vaut mieux jouer des matches compliqués comme face à Lyon par exemple. C’est toujours intense. La pression sera plus du côté de Marseille que de Bordeaux.

Eric Gerets a décidé de quitter l’OM. Cela peut-il jouer un rôle important ?
R.P. : Je suis surpris qu’on puisse annoncer qu’on change d‘entraîneur à cinq journées de la fin. C’est Marseille... Mais les joueurs savent qui va diriger l’équipe la saison prochaine. Cela peut faire du bien à l’équipe. Les Marseillais n’ont qu’une envie, être champions. Ils veulent aussi rendre un dernier hommage à Eric Gerets avant de partir sur autre chose. Les joueurs vont se battre pour Gerets.

L’arrivée de Didier Deschamps est-elle une bonne chose pour l’OM ?
R.P. : Il était temps ! C’est un meneur d’hommes. Il a réussi avec Monaco et la Juve. C’est l’homme de la situation. Il sait ce qui l’attend. Mais Deschamps ou pas Deschamps, on ne lui fera pas de cadeaux. Ça, c’est Marseille !

Robert, il y a dix avant, votre capitaine était Laurent Blanc. Ce genre de joueur, leader sur et hors du terrain, n’est-il pas en voie de disparition ?
R.P. : C’est vrai. Il n’y en a plus. On ne fait plus confiance aux joueurs qui ont de l’expérience. Je suis bien placé pour le savoir. Aujourd’hui, il y a une autre stratégie : on s’appuie sur des jeunes. Mais à mon époque, j’étais bien content de pouvoir m’appuyer sur des joueurs tels que Blanc ou Ravanelli. Avec eux, tu avances.

La rédaction - Luis Attaque