Fekir et les Bleus, le mercato, la relation Bielsa-Labrune : les confessions d’Aulas

La situation financière de l’OL
« Les résultats sont en très nette amélioration. Ils ne sont pas encore à l’équilibre, mais on a encore eu à payer cette taxe à 75% (sur les très hauts revenus) qui, pour des clubs comme Lyon ou Paris, est excessive et pèse sur les comptes. Pour la saison prochaine, on voit que l’objectif est d’équilibrer les comptes sans aucune cession de joueurs. On se met dans une organisation d’exploitation avec des ressources qui permettent de garder nos joueurs, ceux qui font la vie positive de l’Olympique Lyonnais en ce moment. Et puis quand on a l’arrivée d’un stade magnifique pour l’exercice prochain, on ne peut pas imaginer que nos meilleurs joueurs n’aient pas la chance de pouvoir s’y exprimer. Donc on peut rassurer totalement les supporters lyonnais. Nos meilleurs joueurs seront là l’année prochaine et rentreront dans le stade pour, je l’espère, jouer une Coupe d’Europe, même si ce n’était pas prévu dans le schéma initial. »
Nabil Fekir
« Pour Nabil, on imagine, tout en ayant de bonnes relations avec l’Algérie, qu’il y a un potentiel gigantesque avec cette équipe de France. On espère évidemment que les conseils que lui donnent Didier (Deschamps) sont les meilleurs et j’en suis convaincu. Maintenant, je pense qu’il ne doit pas y avoir d’ingérence. Le président de Lyon, même s’il a des souhaits privilégiés, doit se conforter, non seulement au souhait de Nabil, mais aussi de sa famille, de son environnement. Il faut toujours respecter l’environnement culturel. Et plus Nabil sera bien dans sa peau, dans son mode de fonctionnement et mieux il réussira. Mais je pense, et il l’a dit d’ailleurs lui-même, qu’il préférerait jouer avec l’équipe de France. A Didier de saisir l’opportunité, s’il le pense utile à la sélection. »
La course au titre en Ligue 1
« Ce serait un exploit sans précèdent parce qu’on est parti avec 1% de chance en début de saison. On y a toujours cru. Et c’est vrai qu’on aborde le sprint final avec peut-être des bonnes nouvelles. Yoann Gourcuff va réaliser la saison qui va permettre de crédibiliser tout ce qui a été fait. Je suis persuadé que Clément Grenier va pouvoir revenir et au plus haut niveau à Lyon et en équipe de France. Je souhaite de tout mon cœur que Gueïda Fofana arrive à combler cet handicap de blessure qui l’a immobilisé pendant presque un an. Et donc on peut, sans rêver de manière idiote et irresponsable, imaginer qu’on aura plus d’atouts sur la deuxième partie du championnat que sur la première. Evidemment, le Paris Saint-Germain va rester favori, évidemment Marseille va avoir toute les bonnes raisons pour venir supplanter le PSG, et nous, on va faire en sorte de continuer notre petit bonhomme en déployant nos vertus. Ce que fait l’équipe lyonnaise traduit assez bien ce que ressentent les supporters du beau jeu, de l’efficacité et de la jeunesse triomphante qui pourrait se retrouver en 2016 en équipe de France. On a peut-être au sein de l’Olympique Lyonnais un peu plus d’expérience, même si l’équipe est plus jeune que d’autres. Il m’arrive de rêver du titre. Y croire, c’est différent, mais rêver, oui, assez souvent en ce moment. »
La situation de l’OM
« Je suis assez surpris parce leur début de saison a été exceptionnel. Sans être complètement absents, ils sont moins performants, même s’ils peuvent revendiquer de jouer le titre. J’ai entendu leur entraîneur dire qu’il fallait y croire et que c’était possible. Par contre, j’ai l’impression que l’ambiguïté du début de saison avec la direction, et Vincent (Labrune, le président de l’OM) en particulier, fait qu’il n’y a peut-être pas cette complicité à tous les échelons qui pourrait aider dans les moments difficiles. On a l’impression qu’ils n’ont pas le même projet. Mais c’est une impression et je ne voudrais pas qu’on me reproche de parler des autres. Donc je réponds à une question avec mon œil, qui est certes expérimenté, mais qui ne connaît pas tout ce qu’il se passe sur la Cannebière. Après, Bielsa a démontré des coups de génie. A Saint-Etienne la semaine dernière (2-2), il a failli réussir. Sans aucune ironie, j’étais supporter des Verts dimanche soir et j’étais heureux qu’ils égalisent. On ne sait pas tout ce qu’il se passe à Marseille, on nous cache un petit quelque chose qui fait que ça ne se passe pas aussi bien que pendant la première partie de saison. Mais ils ont encore la capacité d’espérer et en football, tout est possible. »
Clément Turpin
« Je pense que sur le match de Paris (1-1), Clément (Turpin) n’a pas arbitré dans l’esprit. Je l’ai dit, 90% des arbitres auraient sifflé les deux penalties en notre faveur. Lui ne l’a pas fait. Je pense aussi que 90% des arbitres n’auraient pas sifflé la faute de Lindsey (Rose) et donc le penalty pour Paris. Et surtout 90% des arbitres n’auraient pas fait retirer ce penalty car nous avions un Anthony Lopes qui avait arrêté un penalty du grand, du magnifique "Ibra". C’était quelque chose d’insupportable et dans l’esprit, je pense qu’il a fait des erreurs. Ceci étant, j’ai admiré le match Saint-Etienne-Marseille (2-2). Il a fait un bon arbitrage ce soir-là, il faut l’admettre. Je vois que tout le monde ne partage pas ce point de vue. Freddy Fautrel nous avait arbitrés l’après-midi contre Nantes (1-0). Et il s’avère qu’il a fait un excellent match. J’ai trouvé que c’était vraiment positif pour le football français, pour l’arbitrage français. Alors je me suis permis de dire ce que je ressentais. Il n’y avait pas d’ironie dans mes messages. Mon Twitter est un outil d’expression instantanée. »
Ses sorties sur Twitter
« Je pense que je joue mon rôle de président. Je veux mettre mon équipe dans les meilleures conditions possibles. Et pour que ce soit le cas, il faut qu’elle soit défendue. Il faut que les supporters se sentent aimés et il faut aussi remettre à leur place les gens qui m’insultent, parfois de manière odieuse, sans que ça attire les mêmes remontrances. Moi, j’aime bien l’humour. On m’a toujours dit que pour charmer une belle femme, il fallait avoir de l’humour, donc j’essaie d’en avoir. »
Les droits TV
« Ce qui est gênant, c’est que toutes les évolutions des droits TV sont défavorables à la France. Sur le plan des ressources, on vient de le voir avec les nouveaux droits TV de la Premier League (6,9 milliards d’euros). Et puis elle est défavorable aussi dans les charges sociales, par rapport aux différentes taxes qui nous sont affectées. Il faudra évidemment pense à réguler tout ça. Après, quand un client potentiel a beaucoup d’argent, c’est bon signe. Parce que ça veut dire qu’il peut surpayer un certain nombre de vos produits. Je ne dis pas qu’on va céder nos meilleurs joueurs, mais je pense que certains clubs auront l’alternative entre vivre sous la dépendance des clubs anglais ou profiter de leurs facilités économiques pour essayer de leur vendre un certain nombre de produits ou de technologies. »
La Coupe du monde 2022
« L’European Club Association (ECA), la structure qui regroupe tous les clubs européens, donc celle qui est concernée par la gestion des joueurs, avait sollicitée la FIFA pour trouver une autre date. Novembre-décembre n’est pas la période la plus appropriée. On n’est qu’au début d’une discussion. 2022, c’est loin. La FIFA est en période pré-électorale, donc il y a un certain nombre de positions politiques à assurer jusqu’à l’élection, mais elles pourraient être amendées ensuite. L’absence de rentrée financière pendant deux mois et demi pour les clubs ? C’est un problème essentiel. L’UEFA ne pourra pas laisser les choses en l’état. On a déjà discuté pour les compétitions européennes avec Michel Platini, dans de bonnes conditions, et on a obtenu les mêmes choses que l’on réclame aujourd’hui auprès de la FIFA, c’est-à-dire des dédommagements pour la participation des joueurs. Si les choses devaient rester en l’état, je pense qu’on verrait une réaction extrêmement virulente de l’ECA. On peut même imaginer que Bruxelles serait saisie parce qu’on est dans une gestion qui dépasse le côté institutionnel du football. On est dans le cadre d’entreprises qui ont besoin de leurs actifs, qui sont les joueurs, ou de subsides qui permettent de financer le départ de ces joueurs dans d’autres compétitions. »