Gourcuff, l’indésirable

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Rarement une banale béquille aura autant fait parler. Touché à une cuisse mardi face à Schalke 04 (1-0), Yoann Gourcuff n’a participé à l’entraînement ni jeudi ni vendredi, laissant planer un sérieux doute quant à sa participation au choc de la 6e journée Bordeaux-Lyon ce dimanche (21h) à Chaban-Delmas. Il figure finalement dans le groupe de Claude Puel pour un match forcément pas comme les autres pour le meneur de jeu dont l’aventure en Gironde (2008-2010) s’est terminée en eau de boudin il y a moins d’un mois.
A Bordeaux, son départ dans la précipitation chez l’ennemi lyonnais (et pour 22 millions d’euros, plus des bonus, plus gros transfert franco-français de l’histoire) a laissé un goût amer. Car s’il a quitté son équipe après une belle victoire au Parc des Princes contre le PSG (2-1 le mois dernier), Gourcuff a laissé un club en plein doute et à la dérive au classement (17e). Du côté des supporters, la pilule n’est pas passée. Laurent Perpigna, porte-parole des Ultra Marines : « Il est anormal que son départ s'effectue dans ces conditions. Nous espérons qu'il aura la décence de ne pas jouer dimanche. Cela serait trahir son public et tous ceux qui ont cru en lui dès son arrivée. Si tel était le cas, cela nous montrerait à quel point Bordeaux n'était qu'un tremplin pour lui. S'il venait à jouer, il ne devra pas s'étonner que le stade soit littéralement furieux contre lui. »
Bastos : « Yoann va avoir un mauvais accueil »
C’est clair, le Lyonnais ne sera pas le bienvenu à Chaban-Delmas. Alors qu’il est encore loin d’être à 100% physiquement, le Gone n’aurait-il donc pas profité de sa « petite » béquille pour s’épargner un retour houleux sur le terrain de ses exploits passés ? « Je pense que c’est une blessure diplomatique », estime Eric Di Méco. Pour son partenaire Michel Bastos, Yoann Gourcuff a suffisamment d’expérience pour faire abstraction d’un contexte hostile : « Il va avoir un mauvais accueil, mais c’est le foot d'aujourd'hui, explique le Brésilien. Les supporters oublient vite, mais il a fait beaucoup de choses pour ce club, dont un titre de champion de France (en 2009, ndlr). Il sait ce qu’il l’attend. Il ne doit pas trop penser à cela, il est très pro et il va être concentré sur son travail pour son nouveau club. »
Dans le camp bordelais, on n’en rajoute pas. Mais on ne fait pas non plus une montagne du retour de l’ancien numéro 8 : « Lyon, ce n’est pas que Yoann, souligne Jean Tigana. C’est une grosse équipe, le meilleur club en France de ces dix dernières années. C’est plus inquiétant si Lisandro ou Bastos reviennent en forme et que l’équipe se stabilise. » Si l’éventuelle participation de l’international français concentre toutes les attentions, elle ne doit pas faire oublier l’enjeu sportif d’une rencontre entre deux cadors assez mal en point. Avec ou sans Gourcuff, malheur au vaincu…