Gourcuff, le coup de pompe

Décisif en début de saison, Yoann Gourcuff peine à hausser son niveau de jeu. Le génial meneur bordelais n’est plus le même. Inquiétant avant le déplacement à Munich ?

C’est sans doute avec de l’ambition à revendre que les Girondins de Bordeaux se sont envolés ce lundi pour Munich. Les champions de France en titre affrontent le Bayern avec à la clé une qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions en cas de succès contre les Bavarois. Tout irait dans le meilleur des mondes si Yoann Gourcuff ne semblait pas en bout de course. Alors que la lutte pour la qualification est lancée et que les barrages de l’équipe de France contre l’Irlande se profilent, ce sont tous les supporters de l’ancien Milanais qui retiennent leur souffle.

Tout simplement parce que l’international aux quatorze sélections est loin de son niveau de début de saison, ponctué de quatre buts et deux passes décisives lors des trois premières journées de championnat. Depuis ? Plus le moindre but. Gourcuff a joué dix-sept matchs toutes compétitions confondues. Fatigué, il a même contracté une lésion à la cuisse gauche. Une blessure dont il tarde à se remettre. Entraîneur aux côtés de Laurent Blanc, Eric Bedouet aime à répéter que la pépite girondine « est un gros moteur, mais aussi une mécanique de haute précision qui a besoin d’être en pleine possession de ses moyens pour profiter de sa technique ». L’adage n’a jamais semblé aussi actuel.

Un air de déjà vu

Dans les rangs girondins, on relativise cette baisse de forme. Les mauvaises langues diront que si Laurent Blanc s’est décidé à le sortir à la 69e minute de la rencontre contre Monaco (1-0) c’est qu’il considérait que son joueur n’apportait plus rien. Les plus indulgents avanceront la thèse de la prudence en vue du match en Allemagne. « Il est un peu moins décisif, mais il fait ses matchs, confie Mathieu Chalmé. Il nous oriente bien le jeu, fait des bonnes passes, est disponible, donne du mouvement. » Bon camarade, le défenseur considère aussi que son coéquipier est bien plus surveillé par les défenseurs que la saison précédente.

Et puis Gourcuff a passé deux ans à Milan. Durant ses années italiennes, il a beaucoup progressé, mais a peu joué. Puis, il a fait une saison dernière exceptionnelle. Sans souffler. « C’est déjà un miracle qu’il ait fait tout cela sans coup de fatigue. C’est logique qu’un moment il ait un coup de barre », conclut Chalmé. Et puis l’ancien lillois a sans aucun doute une bonne mémoire. Alors que tout le monde enterrait Gourcuff dans la course au titre la saison dernière, l’intéressé s’était réveillé au moment décisif. Entre la 33e et la 36e journée, Gourcuff avait marqué cinq buts. Et dans trois de ces quatre rencontres, ces réalisations avaient été déterminantes dans l’obtention du titre. Vous avez dit décisif ?

Pierrick Taisne et Olivier Schwarz à Bordeaux (RMC Sport)