Irrésistible Gourcuff

La nouvelle star des Bleus impressionne en France... et en Italie - -
Il a suffi d’une déclaration pour mettre le feu aux poudres. Elle est signée Adriano Galliani, le vice-président du Milan AC : « J'espère que Bordeaux ne lèvera pas l'option d'achat. Gourcuff doit également comprendre qu'à Milan il y a de la concurrence, et qu'il est nécessaire d'avoir le bon état d'esprit comme Mathieu Flamini, qui travaille beaucoup et attend de trouver sa place. » Pas besoin d’un décodeur pour comprendre que, du côté de la formation milanaise, les performances de l’international français sont scrutées à la loupe.
Un joueur en progrès constants
Et quelles performances... Un but pour son grand retour en Ligue 1 aux dépens de Caen, deux passes décisives après huit matches de championnat… une frappe d’anthologie aussi belle que décisive en Roumanie avec le maillot bleu, une jolie ouverture pour Anelka face à la Serbie, deux caviars pour Thierry Henry mardi dernier face à la Tunisie, arrêtez, n’en jetez plus : Yoann Gourcuff affole les compteurs depuis quelques semaines.
Logique, donc, que du côté milanais, on commence à s’inquiéter. Celui qui, à Constanta, a en grande partie sauvé la tête de Raymond Domenech en équipe de France, est en train de franchir un palier. Incontournable en club, il l’est devenu également sur la scène internationale, terrain de jeu avec lequel il a développé une entente riche de promesses avec un dénommé Franck Ribéry. Cette progression, Gourcuff la doit bien évidemment aux Girondins de Bordeaux, qui ont su parier sur lui sous la forme d’un prêt alors que l’ancien Rennais végétait en Lombardie. Jean-Louis Triaud : « Yoann a choisi de se relancer à Bordeaux, il nous apporte beaucoup. Soyons honnêtes, Bordeaux lui apporte beaucoup également. » Le président bordelais voit juste. Certes.
Bordeaux prêt à casser sa tirelire
Mais le vice-champion de France 2007-2008, s’il avait les arguments idoines (club stable, qualification en Ligue des Champions) l’été dernier pour séduire Gourcuff, aura-t-il encore quelques cartes à sortir de sa manche pour arracher ce joyau français au ténor milanais ? L’option d’achat du joueur a été fixée à 14 millions d’euros. N’est-ce pas un peu cher, notamment pour un club dont l’actionnaire majoritaire, M6, est réputé pour son pragmatisme ? « Oui, c’est cher bien sûr. Mais si on regarde la valeur de Nasri ou de Ben Arfa sur le marché, on n’en est pas loin. Maintenant, M6 ne s’interesse pas qu’à son image ou à celle du club. Il s’intéresse surtout au rendement de l’équipe. Si on peut avoir un joueur de ce type, ce serait bien. La possibilité de lever l’option est alléchante, c’est certain ».
Bordeaux est séduit. Le grand public aussi. D’ailleurs, qui ne le serait pas après les récentes sorties de ce milieu de terrain, au volume de jeu énorme, à l’abattage précieux en cas de repli défensif, et, malgré la fatigue accumulée ces derniers jours, capable de conserver un semblant de lucidité dans les moments-clés d’un match comme en attestent ces deux passes décisives pour Henry face aux Tunisiens ? Les Girondins ne veulent pas, en tout cas, se précipiter sur la possibilité ou non d’acquérir Gourcuff en transfert définitif.
Un bel investissement pour l’avenir
En effet, les dirigeants ont jusqu’au mois d’avril pour lever l’option d’achat et ont déjà un pré-contrat signé par le joueur en leur possession. Du coup, en cas d’accord tripartite, il y aura bel et bien transfert. Toutefois, à en croire le président bordelais, un autre élément conditionne ce dossier. « On ne prendra pas de décision automatique sans consulter le joueur. Si Yoann est désireux de poursuivre avec nous, il n’y aura pas de problème. Un garçon comme lui, s’il continue sur sa lancée, ne devrait pas perdre en valeur. Il pourrait devenir un investissement sur l’avenir. Mais il faut que tout le monde ait envie de réussir ce projet. »
La condition sine qua non pour que Bordeaux envisage de conserver son magnifique numéro 8 dépendra donc de l’envie du joueur de participer au projet girondin. Visiblement, la manne financière à débourser pour s’offrir ses services n’effraie pas le camp bordelais. Triaud n’exclut pas ainsi le départ en fin de saison de joueurs présents au club « depuis trois ans », des départs qui ouvriraient un peu plus les cordons de la bourse girondine.
Bref, le dauphin du dernier championnat de France n’entend pas laisser filer sa perle internationale sans élever un peu la voix. Un joueur devenu si important en l’espace de quelques mois… que le sélectionneur n’a pas pu se résoudre à le laisser sur le banc face à la Tunisie, au grand dam d’ailleurs de son entraîneur, Laurent Blanc (« Il commence à avoir les jambes lourdes. Si on ne le fait pas souffler, il risque la blessure »). Après tout, on peut comprendre les motivations de Raymond Domenech. Depuis un certain match en Roumanie, Gourcuff est un peu devenu… son meilleur allié. Et un porte-bonheur décisif.