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Jeunechamp : Les dessous d’une sanction

Cyril Jeunechamp

Cyril Jeunechamp - -

La Commission de discipline de la LFP a infligé jeudi soir une suspension d’un an au Montpelliérain Cyril Jeunechamp pour avoir agressé un journaliste à l'issue de la rencontre VA - Montpellier (1-1) le 17 novembre dernier. Pourquoi une sanction aussi lourde ? Décryptage.

Comment a été jugé le cas Jeunechamp ?

Pendant près de deux heures, jeudi, devant les douze membres bénévoles de la Commission de discipline de la LFP. Les deux parties ont été auditionnées, le joueur en présence d'un avocat et d'un membre du club, et le journaliste, José Barroso de L’Equipe, lui aussi accompagné de son avocat. La délibération a eu lieu dans la foulée. Le joueur a encore la possibilité de faire appel de la Commission Supérieure d'appel de la LFP.

Pourquoi un an de suspension ?

La Commission a jugé « une brutalité commise par un joueur ». Suite à un coup de poing qualifié de « volontaire », le journaliste a eu le nez fracturé entrainant une ITT inférieure ou égale à huit jours. Les barèmes des sanctions prévoient une suspension pour cette durée d'ITT. Si cette dernière avait été plus longue, le joueur aurait même pu écoper de deux ans de suspension. Le fait que cette agression ait été commise « à froid », dans la zone mixte où se croisent joueurs et journalistes à l’issue des rencontres, et non pas « à chaud après une expulsion », a été considéré comme une « circonstance aggravante » par la Commission qui a parlé d'une « violence grave en dehors du terrain ».

Une sanction lourde pour un multirécidiviste ?

Avant les faits, le casier de Cyril Jeunechamp était déjà bien rempli. Avec 130 cartons jaunes et 20 cartons rouges au cours de sa carrière, le rugueux défenseur s'est déjà présenté à de multiples reprises devant la Commission de discipline. Cela a-t-il joué en sa défaveur ? « On ne peut pas juger de la même façon quelqu'un qui vient pour la première fois devant la Commission et quelqu'un qui est un habitué », explique un membre de la Commission. Et d'ajouter : « Mais les faits sont si graves que la sanction aurait pu être celle-là pour n'importe qui. » La Commission se défend néanmoins d'avoir voulu faire de Cyril Jeunechamp « un exemple ».

Comment réagit-on à Montpellier ?

Cyril Jeunechamp était bien présent ce vendredi matin à Grammont, le centre d’entrainement du MHSC, mais n'a pas participé à la séance d'entraînement. Il est resté longtemps dans les vestiaires pour discuter avec les joueurs en soins puis il a quitté le centre d'entraînement avant la fin de la séance sans un mot pour les journalistes. Très marqué, il s'est longuement entretenu avec Michel Mézy, le conseiller du président Nicollin, en rejoignant sa voiture. Il pourrait s'exprimer au début du mois de janvier. Son entraineur, René Girard, n’a pas non plus voulu réagir. Il s'est juste déclaré abasourdi par la sanction. Le club a pris acte de cette décision mais dans un communiqué publié en début d’après-midi, il a apporté son soutien à son joueur : « Face à la sévérité de la sanction et aux répercussions humaines et sportives qu’elle entraîne, le club adresse son soutien à Cyril Jeunechamp qui a toujours eu un comportement et une implication exemplaires au cours de son contrat sous le maillot montpelliérain. »

Le titre de l'encadré ici

Pour la Ligue 1, la sanction est disproportionnée |||

Les acteurs du championnat de France n’ont pas échappé aux questions sur la suspension d’un an infligée au Montpelliérain Cyril Jeunechamp suite à l’agression d’un journaliste. Si tous condamnent le geste du défenseur héraultais, ils jugent la sanction trop lourde : « C’est disproportionné, commente Christophe Galtier, l’entraineur de Saint-Etienne. Je trouve que la sanction est disproportionnée pour un homme qui a commencé à jouer au football à 17 ans, qui en a 37 et qui a 20 ans de professionnalisme. Que le geste soit sanctionné, que l’attitude soit sanctionnée voire au civil, il n’y a pas de problème mais qu’on fasse finir la carrière de  Cyril Jeunechamp sur ce fait-là, pour moi, c’est inadmissible. » Du côté de Marseille, l’adversaire… des Verts, dimanche en match de clôture de la 19e journée de L1, on estime aussi que la Commission de discipline a été trop sévère à l’égard de Jeunechamp. Steve Mandanda a d’abord défendu son confrère en lâchant sur le ton de la rigolade : « Parfois vous cherchez…. » Puis, le portier, un peu gêné, fut très bref : « Un an de suspension, ça fait beaucoup. C’est un peu compliqué. »

Aurélien Brossier avec GQ et JL