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Joueurs-arbitres, les liaisons dangereuses

Fabrice Abriel

Fabrice Abriel - -

La majorité des joueurs de Ligue 1 reprochent aux arbitres leur manque de pédagogie. Quelques uns prennent leur défense. Mais tous espèrent que le week-end écoulé, où des arbitres de National ont assuré l’intérim avec brio, servira de déclic pour assainir les relations.

« Un bon arbitre, c’est celui que l’on ne voit pas. » Christian Gourcuff est un apôtre du jeu offensif. Mais il sait aussi tacler. Le week-end dernier, l’entraîneur de Lorient a apprécié le comportement des arbitres de National lors de la 26e journée de L1. Et il l’a fait savoir.
Malgré la pression, les remplaçants d’un soir sont apparus souriants, avenants, pédagogues. De l’avis général, ils ont réussi leur baptême du feu. Une manière de mettre en avant les lacunes des titulaires habituels. « Il y en a avec qui on ne peut pas parler, c’est vrai, reconnaît Fabrice Abriel, le milieu de l’OM. Il y en a d’autres qui sont très bien. Je trouve que la dernière journée s’est parfaitement déroulée. Les arbitres ont eu beaucoup de classe. Ils ont laissé le jeu se développer. Tous ces arbitres de National ont montré qu’ils pouvaient évoluer au-dessus. C’est très bien qu’il y ait de la concurrence. »
Une concurrence qui pourrait faire réfléchir certains arbitres professionnels, critiqués pour leur manque de diplomatie. « Avec certains, le dialogue est totalement rompu, dénonce Romain Danzé, Même si, avant le match, ils disent qu’il n’y a aucun souci pour discuter, une fois sur le terrain, ce n’est plus le cas. Il faut ouvrir le dialogue. Dès qu’on peut parler, ça se passe mieux. Certains le font très bien, je ne dis pas le contraire. Mais d’autres ont du boulot sur ce point. Certains enveniment le match au lieu de bien le contrôler. Les arbitres font partie du jeu. Mais il faut qu’ils acceptent de se faire critiquer, comme nous. »

Ben Khalfallah : « On fait tous des erreurs, il suffit de le reconnaître »

Un point de vue partagé par Fahid Ben Khalfallah. « Un mec comme Clément Turpin discute beaucoup. Pourtant, il est jeune dans le métier (28 ans), glisse le Bordelais. Il rigole, il est heureux d’être sur le terrain. On le voit en Angleterre, les arbitres ont des petits gestes amicaux vers les joueurs. Ils s’excusent lorsqu’ils font des erreurs. On en fait tous. Ça arrive. Il suffit de le reconnaître. »

Si la majorité des acteurs de L1 milite pour un arbitrage moins rigide, quelques joueurs s’élèvent tout de même pour défendre les hommes en noir. « Il faut écouter les arbitres, estime Pierre-Alain Frau, l’attaquant du LOSC. S’ils en sont arrivés à faire un tel mouvement, c’est qu’il y a un malaise. Je peux les comprendre. Parfois, ils font 89 bonnes minutes et s’ils se trompent une fois, ils sont brocardés. »
C’est également le sentiment de Jérôme Leroy, un des briscards du championnat. « On est dans un système où il y a beaucoup d’enjeu financier, plaide le Rennais. Du coup, les clubs mettent la pression sur les arbitres. Dès qu’il y a une erreur, on s’empresse de taper sur l’arbitre. Et on ne regarde peut-être pas assez la prestation de son équipe. Aujourd’hui, on est plus critique parce que tous les matches passent à la télévision. On voit plus facilement les erreurs. Et on en profite pour polémiquer. »

Alexandre Jaquin avec les correspondants RMC Sport