La grève de plus en plus brûlante

Entre l'UNFP, l'UCPF et la LFP, la guerre est ouverte - -
Ces dernières heures, la plume de Bernard Laporte était attendue. Elle a été lue et entendue. Le secrétaire d’Etat chargé des Sports a tranché, par le biais d’une lettre, dans l’affaire qui secoue le football français depuis quelques jours, à savoir, la possible modification du conseil d’administration de la Ligue. Petit rappel des faits : d’un côté, les présidents de clubs souhaitaient obtenir la majorité des sièges et donc, du pouvoir de décision au sein de l’instance dirigeante du football français. De l’autre, les autres familles du ballon rond hexagonal (entraîneurs, joueurs, arbitres, etc.) militaient, eux, pour conserver une parité au sein du CA de la Ligue, évitant ainsi de tomber dans une situation de monopole politique, probablement, selon eux, trop difficile à gérer.
Piat : « Ils se foutent de l’avis du Ministre »
Depuis, Bernard Laporte a donné son avis. Ce dernier a jugé « non opportun mais pas illégitime du moins dans l’immédiat » le projet des présidents de L1 de prendre la majorité au sein de la Ligue. L’ancien guide du XV de France a également précisé que cette modification au sein du CA de la Ligue n’ était pas à l’ordre du jour. En effet, en principe, le prochain renouvellement du CA n’aura lieu que dans quatre ans… Et Philippe Piat n’a pas vraiment digéré le communiqué de Frédéric Thiriez publié sur le site de la LFP. Ce dernier affirme, en effet, avoir eu l’accord du ministre et se dit décidé à convoquer, après une réflexion commune menée avec les autres composantes du football français, une assemblée générale extraordinaire, à la date du 14 novembre, pour entériner le projet. Extraits.
« M. Louvel (Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF, ndlr) et M. Thiriez veulent accélérer le temps. Quoi qu’il arrive, pour eux, il faut faire l’assemblée en novembre et que l’on discute d’ici à l’assemblée, autrement dit dans tout juste un mois, alors que le ministre a bien précisé qu’il n’y avait pas le feu et que l’on avait un délai de quatre ans. Il faudrait discuter désormais dans le mois qui suit, pour une assemblée générale qui est de toute façon fixée le jour prévu, avec les modifications prévues. C’est comme si le Ministre n’avait rien dit puisque c’était ce qui était prévu. »
« Les deux interventions de Louvel et de Frédéric Thiriez ne vont pas dans l’esprit de la lettre du ministre. Je ne veux pas être méchant mais, pour moi, ils n’en ont rien à foutre de l’avis du Ministre vu qu’ils continuent sur leur lancée. On peut dire pour l’instant qu’ils ont perdu le coup et qu’ils font tout pour le rattraper. »
Kastendeuch : « La 10e journée sera reportée »
Du coup, la grève aura-t-elle lieu comme convenu ? « La grève ne concerne pas que l’UNFP, elle concerne tout le monde. L’analyse qui a été faite par le président Louvel et Frédéric Thiriez de la lettre du ministre est inacceptable. Il faut que le ministre dise : vous m’avez mal compris, je vous ai demandé ça et ça. Il faut qu’il tire un petit peu les oreilles. Ou alors, il va falloir que la fédération dise ce qu’elle en pense parce que la situation ne peut pas durer comme ça. La grève sera maintenue, elle sera même aggravée. Ils ont voulu attendre l’avis du ministre pour cautionner leur "truc". Ils ne l’ont pas et désormais, ils sont prêts à passer outre l’avis du ministre. Maintenant, ils sont démasqués. »
Le danger, pour l'UNFP, est clair et identifié. D'ailleurs, selon Sylvain Kastendeuch, en cas d'AGE (Assemblée Générale Extraordinaire), il ne faudra certainement pas attendre quatre ans pour voir une redistribution des sièges au sein du CA de la Ligue et les statuts du championnat de France modifiés. « En effet, si les présidents parviennent à se réunir en assemblée générale extraordinaire et passent en force en s’asseyant sur l’avis du Ministre, il pourra y avoir de nouvelles élections bien avant 2012. »
« Depuis le début, les plus clairs, ce sont nous. Encore une fois, la question originelle, c’est de savoir pourquoi les présidents veulent changer un fonctionnement qui marche très bien. Cela fait 18 ans que cela dure. Depuis 1991, je n’ai pas eu le souvenir d’avoir vu une mauvaise décision prise dans le sens de l’intérêt général du foot. On est allé voir le ministre. On l’a convaincu, je pense, justement à partir de cette question originelle. : que se cache-t-il dans la tête des présidents pour vouloir, à tout prix, modifier et même contre l’avis du ministre, un fonctionnement qui marche bien au sein de la Ligue ? Posez-leur la question, il n’y a pas de réponses. Cela fait dix jours qu’on débat. Les présidents n’ont toujours pas été capables d'expliquer leur volonté de changer un fonctionnement qui marche ».
Mais concrètement, que se passera-t-il alors lors de la 10e journée de Ligue 1 si la grève devait se confirmer ? « La journée de championnat ne sera pas annulée, elle sera reportée en attendant encore une fois, que tout le monde comprenne et, comme le ministre, fasse preuve de bon sens. On espère que le président de la FFF va s’inspirer de ce courrier pour ramener un petit peu tout le monde à la raison. On va sensibiliser dans les jours qui viennent Jean-Pierre Escalettes avec l’ensemble des familles. On va lui réexpliquer les enjeux et les raisons pour laquelle la fédération, elle aussi, a tout intérêt à ce que cela reste comme ça. »