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La L1 au bord de la crise de nerfs

Guy Lacombe

Guy Lacombe - -

Propos déplacés, gestes litigieux, critiques répétées sur l’arbitrage, renvoi en tribunes ou encore échanges acerbes en coulisses : présidents, entraîneurs et joueurs de L1 sont sur les nerfs en cette fin d’année. Les principaux acteurs du championnat s’expliquent sur ce phénomène.

90e minute de jeu au Stade Vélodrome. Clément Turpin vient tout juste de siffler la fin de Marseille-Lyon… mais Jean II Makoun et Gabriel Heinze, eux, sont fermement décidés à continuer le match. Les deux joueurs se lancent dans un concours de mots doux. L’échange manque d’être musclé. Il restera verbal finalement. Cette image n’est pas un cas isolé cette saison en L1. Elle truste même nos téléviseurs depuis de longs mois déjà. Un exemple ? 24 heures à peine avant le choc OM-OL, Guy Lacombe et Antoine Kombouaré montraient l’exemple dans les couloirs du Parc des Princes après l’égalisation contestée de Monaco face au PSG (2-2). « Faut arrêter les conneries » lance le premier au second. « Arrête de pleurer », lui rétorque aussitôt l’entraîneur du Paris Saint-Germain. Ambiance…

La Ligue 1 marcherait-elle sur la tête ? La question mérite d’être posée… Car depuis le début de saison, les actes de nervosité sont nombreux. La gifle de Jean-Michel Aulas à un supporter d’Arles-Avignon. La brouille entre Yohan Démont et son coéquipier Nenad Kovacevic. Plus récemment, le coup de coude d’Emir Spahic dans le visage de Nolan Roux. Sans compter les expulsions à répétition de René Girard. Ou les traditionnels coups de poing de Guy Lacombe sur l’abri de son banc de touche. « Il m’arrive de taper sur une porte, reconnaît l’intéressé. Je préfère ça que de taper sur un entraîneur. »

Joueurs, entraîneurs et présidents semblent sur la même longueur d’ondes, tendue. Situation normale pour Clément Turpin. « A chaque fois durant cette période, c’est la course aux points avant de partir en vacances. Donc un moment plus propice aux énervements. En plus, les terrains sont gras. La fatigue et l’absence de maîtrise technique qui en découle sont également des facteurs importants. » L’absence de ventre mou au classement contribue, aussi, à l’électricité ambiante. « Même si les gros sont dans le peloton de tête, ils ne sont pas détachés du reste de la meute, fait remarquer Jean-Michel Larqué. Le fait que la hiérarchie ne soit pas véritablement établie entraîne des situations diverses et variées. » Rien de nouveau en tout cas pour l’ancien guide de Montpellier, Rolland Courbis. « En fin d’année, tous les points vous semblent plus importants qu’en début de championnat. Les arbitres sont également de plus en plus critiqués. C’est tout le temps comme ça. »

« Ça fait partie du folklore du championnat »

C’était même pire avant à en croire l’entraîneur de Rennes, Frédéric Antonetti. « Vous n’avez pas connu le football des années 70… C’était autre chose. C’est mieux maintenant. C’est beaucoup plus propre. » Propre et indissociable surtout de l’histoire du championnat de France. « Tout cela fait aussi plaisir à la presse et au public, estime le président havrais Jean-Pierre Louvel. Le football a ce côté parfois excessif, déraisonnable qu’apprécient certaines personnes. Il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Ça fait aussi partie du folklore du championnat. »

A l’heure de l’autocritique, le microcosme de L1 joue la carte de l’apaisement. Tout est sous contrôle même si, dixit Didier Deschamps, les entraîneurs « pris dans l’excitation, vivent un peu plus les matches. » Sous contrôle, vraiment ? « Il y a de plus en plus d’erreurs d’arbitrage, déplore tout de même Jean-Louis Triaud, engagé lundi dans un débat avec Clément Turpin. Ça devient de plus en plus difficile parce que ça va plus vite, parce qu’il y a de plus en plus de pression. Il n’y a qu’une seule solution, c’est la vidéo. L’arbitrage à cinq, c’est nul. » Le jeune sifflet rétorque : « C’est votre avis, pas le mien. Je vous garantis que la présence de ces arbitres additionnels a permis l’éclaircissement de nombreuses situations. » Triaud : « Aucune. Même les sorties de corner, ils ne les voient pas. Le cinquième arbitre a peur de se tromper et n’interfère pas dans le jeu. Il y a eu des penalties non sifflés parce qu’il ne veut pas intervenir. Alors, il ne sert à rien. » Ambiance… bis. Le folklore, on vous dit…

Alix Dulac avec agence