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La taxe Hollande ne convainc pas

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En marge de la réunion de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), qui a réélu Jean-Pierre Louvel à sa tête, quelques présidents de clubs ont donné leur opinion sur la taxe Hollande. S’ils ne la cautionnent pas, ils appellent au dialogue avec les pouvoirs publics.

Au cœur de sa campagne présidentielle, le 27 février dernier, François Hollande, alors candidat du PS à l’Elysée, proposait de taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros annuels. Depuis, le député de Corrèze, devenu président de la République, a réaffirmé sa détermination à mettre en place cette mesure, malgré la montée au créneau du président de la LFP Frédéric Thiriez ou de l’ancien ministre des Sports, David Douillet, associés à la fronde de nombreux artistes. «Aujourd’hui on vit dans une incompréhension avec les élus. Il faut qu’ils comprennent que le football ne représente pas la manne qu’ils pensent, tranche le président de l’UCPF, Jean-Pierre Louvel. Si on veut rester compétitif au plus haut niveau, il ne faut pas nous donner des moyens supplémentaires, mais au moins ne pas nous retirer les solutions que nous avons essayées de mettre en place. »

Le dirigeant havrais prophétise le désastre sportif qu’induirait cette taxe sur la Ligue 1. « J’ai entendu un ministre dire que ce seront les clubs qui paieront. Mais les clubs ne sont pas en état de payer, à l’exception du PSG ou de Monaco. Et s’ils ne peuvent plus payer les joueurs partiront à l’étranger, juge Louvel. Ce n’est pas ce qu’il faut pour le football et son économie. Parce que les clubs font aussi vivre les régions dans lesquelles ils sont, sans oublier leur action sociale.» Le président lorientais Loïc Féry, homme d’affaires aguerri, préfère lui aussi se concentrer sur l’aspect économique global d’une telle mesure. « D’une manière générale, l’attractivité de la Ligue française, et donc sa capacité à générer des emplois, à payer des charges sociales et autres, est aussi fonction de notre capacité à attirer des talents et des grands joueurs, explique le patron des Merlus. Plus les charges sont importantes sur les clubs, moins c’est possible. »

Aulas : « Dissuasive pour les meilleurs talents »

Pour Jean-Pierre Rivère, remplaçant de Gilbert Stellardo à la tête de l’OGC Nice depuis 2011, « sur le fond, c’est une mesure très démagogique qui touche très peu de personnes et va rapporter peu d’argent avec des effets induits très négatifs. Que les gens fortunés participent à l’effort, d’accord, mais il y a des seuils difficilement acceptables. Pour les clubs qui ont de gros salaires, ça risque de provoquer un exode de joueurs. Ceci dit, ce ne serait pas si mauvais que cela que les salaires des joueurs baissent », glisse-t-il, malicieux. Une malice dont est coutumier l’emblématique président lyonnais Jean-Michel Aulas, habitué à en découdre avec les politiques, qu’il s’agisse de son projet d’OL Land ou d’une taxe qu’il considère « quelque peu dissuasive pour les meilleurs talents. »

A la recherche d’un titre de champion de France depuis quatre ans, « JMA » appelle à « discuter avec le ministère des Sports pour savoir si cette disposition peut être amortie. Il n’est pas admissible qu’elle ne concerne que les sportifs… Il faudra voir quelles sont les positions du gouvernement concernant cette éventuelle taxe. » Pour endiguer l’érosion de sa cote de popularité dans l’opinion, François Hollande sait d’ores et déjà qu’il ne pourra pas compter sur les dirigeants du football français. De là à ce que les demandes de double nationalité belge explosent en Ligue 1...

Jérôme Carrère avec Rémi Perrot