Labrune : « On est tous fatigués »

Vincent Labrune - -
Vincent, quel est votre état d’esprit au lendemain de l’élimination de l’OM par le Bayern en Ligue des champions ?
On est évidemment toujours déçu après une défaite. Même si je ne veux pas occulter un truc important, c’est qu’on est allé en quarts de finale de la Ligue des champions. On a tendance à l’oublier. C’est une performance qu’on n’avait pas réalisée depuis plus de 20 ans. On a fait un très beau parcours. On a réussi à finir dans les huit meilleures équipes européennes. Et on a joué contre une équipe, le Bayern. La seule chance qu’on pouvait avoir, c’était d’être à 120%, qu’on ait 120% de réussite et que l’adversaire soit à 60 ou 70%. Il ne faut pas avoir de regrets. On n’avait pas notre place dans les quatre derniers. Le Bayern mérite sa qualification.
Steve Mandanda a dit qu’il était abattu, qu’il ne sentait pas que le groupe était solidaire. Etes-vous inquiet par ce discours du capitaine ?
Steve est un capitaine irréprochable, sportivement et dans son comportement. Donc je pense qu’il a le droit de tout dire. Il dit que la fin de saison va être compliquée. Je l’avais déjà dit la semaine dernière. Il n’y a pas que la fin de saison qui va être compliquée. C’est toute la saison qui va être compliquée. Il reste dix matchs, six semaines. Ce n’est pas le moment de baisser la tête. C’est dans l’épreuve et l’adversité qu’on voit les hommes. Il faut rester unis, soudés. Il y a trois matchs importants (PSG, Montpellier, Lyon en finale de la Coupe de la Ligue) qui arrivent.
Ressentez-vous ce manque de solidarité ?
Il y a des joueurs comme Steve Mandanda et Nicolas Nkoulou, pour parler de ceux qui ont vraiment fait un bon match hier soir (mardi), qui sont des compétiteurs, qui ne sont pas résignés. C’est à eux d’entrainer les autres vers le haut. Il faut appeler à l’unité pour justement qu’on se batte jusqu’au bout avec orgueil et fierté. Il faut qu’on reste tous soudés avec l’entraineur et son staff pour sauver la face, plus que la saison. Et pour qu’on puisse redonner un peu de bonheur à nos supporters.
« Si Deschamps va rester ? Oui, c’est mon souhait »
Deschamps va-t-il partir à la fin de la saison ?
Dans la vie, il y a les évènements qu’on subit et ceux qu’on décide et donc qu’on assume. Ce qu’on subit à l’OM depuis l’été dernier, c’est des pertes financières importantes dues au mercato 2010. On gère, on fait avec. Et ce qu’on assume, c’est la volonté de conserver Didier, de prolonger son contrat, d’aller jusqu’en 2014 ensemble, de le protéger dans les moments difficiles, de le défendre, d’être avec lui. Pour essayer de créer les conditions optimales pour que cela puisse marcher. Cette année, ça ne marche pas sportivement. Ça arrive.
Vous assurez qu’il sera-t-il encore l’entraineur de l’OM la saison prochaine ?
Oui. C’est évidemment mon souhait.
Mais il parait très fatigué…
On est tous fatigués. Je vous rappelle que l’année dernière, l’entraineur était aussi fatigué en avril-mai. Je peux vous en parler parce que je l’ai beaucoup vu pour le convaincre de rester avec nous. Marseille, c’est fatiguant, c’est usant, c’est stressant. On a des résultats qui ne sont clairement pas à la hauteur de nos attentes. C’est une saison blanche sportivement (sic). Mais j’ai diné lundi soir avec Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness. En 2008-2009, le Bayern n’a pas fait la Ligue des champions. C’est arrivé une fois. Depuis, ils ont tout gagné. Et l’année prochaine, l’Inter Milan ne sera pas en Ligue des champions. Ça arrive, c’est comme ça.
« Les meilleurs joueurs ne sont pas tous amenés à partir, loin de là »
Personnellement, avez-vous envie de continuer à la tête de l’OM ?
Evidemment. L’actionnaire, Robert Louis-Dreyfus, m’a demandé de gérer ses intérêts au club depuis janvier 2008. Je suis président de la holding Eric Soccer et président du board de l’OM depuis janvier 2008. Je gère un actif qui est important pour Robert et Margarita. Encore une fois, on le dit depuis le mois de juin, on est là pour la pérennité financière et la compétitivité de l’équipe. On travaille. On avait 20 millions de perte en juin dernier. On les a trouvés. On avait plus de 20 millions de perte dans le prévisionnel pour juin prochain. On va réussir à réduire cette perte-là. Et pour la compétitivité, c’est faire en sorte de maintenir un budget et une masse salariale qui permettent à l’OM de pouvoir jouer tous les ans le podium voire mieux. Tant que l’actionnaire sera là, on ira dans ce sens-là.
Des cadres vont-ils quitter l’OM en fin de saison ?
C’est totalement indépendant du classement du championnat. Un club de football n’est pas économiquement viable si vous n’avez pas de recettes sur le marché des transferts. Depuis deux étés, on a fait très, très peu de recettes. On a vendu un seul joueur en 2010 et aucun l’été dernier. Quel que soit le classement, il faut nécessairement qu’on vende un ou deux joueurs. Je vous aurais dit la même chose si on avait été deuxième.
Steve Mandanda, Loïc Rémy et Nicolas Nkoulou sont-ils susceptibles de partir ?
Vous vous avancez un peu. Pour moi, l’objectif pour un club comme l’OM et le président que je suis, c’est de conserver l’équipe la plus compétitive possible pour l’année prochaine. Ça veut donc dire que les meilleurs joueurs de l’effectif ne sont pas tous amenés à partir, loin de là. Pour Mandanda, je pense que ce n’est pas à l’ordre du jour. Je n’ai aucun doute sur l’engagement de Steve au quotidien, sur son amour et son implication pour le club.