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Le baromètre de la 8e journée de Ligue 1

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Pagis le magicien, Toulouse toujours plus haut, Lorient à la recherche de ses vertus perdues ou Lloris le karatéka, voici l’essentiel de la 8e journée de Ligue 1.

Le taulier : Mickaël Pagis. Le public du championnat de France peut se plaindre de beaucoup de choses. De ne pas voir assez de buts à chaque journée. De ne pas voir assez de spectacle. Ou encore, de ne pas voir l’indéboulonnable Olympique Lyonnais remis en question à la tête du classement. En revanche, ce même public ne pourra se plaindre de ne pas compter quelques artistes au sein de notre bonne vieille Ligue 1. On connaît Ben Arfa, Benzema, Juninho. Sessegnon, Valbuena ou Koné. Mais il y a également Mickaël Pagis. Surnommé Pagicien pour les uns, Pagistral pour les autres, l’ancien attaquant du Nîmes Olympique n’a, pour beaucoup, jamais connu la carrière qu’il méritait. Mais son talent, sa science du jeu et son amour, surtout, pour le beau football font de lui l’un des joueurs les plus complets techniquement et l’un des plus agréables à voir évoluer en championnat. Dimanche, avec un hat-trick de son « vétéran » adoré (35 ans) aux dépens de l’OL (3-0), le public du Stade Rennais en a eu pour son argent. Et a pu, si cela était encore possible, redécouvrir le talent de cet esthète du ballon rond.

La tête d’affiche : Toulouse. On leur promettait l’enfer. Compliqué, en effet, de jouer un vrai rôle dans le championnat de France après avoir flirté durant toute une saison aux abords de la Ligue 2. Difficile même, pour ne pas dire très très délicat de recomposer un groupe compétitif sans des figures de proue tels qu’Achille Emana ou Johan Elmander. Mais, visiblement, la mission imposée à Alain Casanova, le nouvel entraîneur toulousain et à ses hommes est en passe d’être accomplie. Anecdotique pour beaucoup, précisément pour les principaux intéressés d’ailleurs, la deuxième place du TFC au classement fait du bien aux esprits Violets. Ce nouveau rang en Ligue 1 démontre surtout que le groupe toulousain a de la ressource et que certains joueurs en délicatesse l’année passée sont en passe de devenir les leaders d’aujourd’hui. Demandezdonc à André-Pierre Gignac ce qu’il pense de cette saison 2008-09… Ses cinq buts en 8 rencontres de Ligue 1 dont un décisif samedi dernier aux dépens d’Auxerre (victoire 1-0 du TFC) constituent de probants éléments de réponse.

Le boulet : Lorient. Ils voulaient marquer plus de buts, qu’ils disaient. Prendre plus de profondeur dans le jeu, exploiter la vitesse de leurs attaquants, également. Bref, afficher un visage offensif beaucoup plus percutant et réaliste que ne l’avait été celui de la saison passée. Mais, souvent, entre les souhaits et leur concrétisation, il y a un monde. A défaut de proposer un jeu complètement insipide, ce qui n’est pas le cas d’ailleurs, les Lorientais ne parviennent plus à mettre un pied devant l’autre depuis quelques semaines. Lorsque ces derniers ouvrent le score, ils éprouvent toutes les peines du monde à fructifier, pis à conserver leur avantage au tableau d’affichage. Conséquence : une place de premier relégable validée après un court revers devant Bordeaux (1-2) et une incapacité chronique à retrouver certains fondamentaux (solidarité défensive, grosse densité physique, gestion d’un score). La situation n’est pas encore dramatique. En revanche, elle pourrait vite le devenir.

Le chiffre : 614. Il était temps. Vraiment temps. Après avoir affolé de ses coups de griffe la seconde partie de l’exercice 2007-2008 et arraché dans le money-time une place parmi les 23 pour l’Euro 2008, Bafétimbi Gomis se trouvait face à un des premiers grands défis qui jalonnera la suite de sa carrière : une incapacité fâcheuse à trouver le chemin des filets adverses. Et le temps a dû lui paraître long au jeune international français. 614 minutes très exactement, c’est le nombre de minutes cumulées qu’il lui aura fallu pour renouer, aux dépens de Monaco dimanche (victoire des Verts 2-0) avec le sentier du but. Désormais, charge à lui de ne plus en égarer l’itinéraire.

Le geste : S’il avait du passer le casting d’un film de karaté ou de kung-fu, son geste dimanche après-midi sur la pelouse du Stade de la Route de Lorient lui aurait valu le premier rôle. En football, ce dernier aurait très bien lui coûter aussi purement que simplement un bon carton rouge et un renvoi prématuré aux vestiaires. Finalement, Hugo Lloris n’a rien reçu suite à son pied très haut au-devant de Moussa Sow en toute fin de partie. Mais son geste sera bel et bien celui de la 8e journée de Ligue 1. Irréprochable jusque-là, l’ancien rempart niçois a participé au naufrage des siens en Bretagne (défaite 3-0 contre Rennes). Sans avoir véritablement eu la sensation d’avoir failli à sa tâche, la doublure de Steve Mandanda en équipe de France n’a rien pu faire pour endiguer les vagues bretonnes. Ce geste, qui aurait pu être répréhensible de la part du jeune international, n’a pas retenu notre attention pour le fait qu’il n’ait pas été ou non sanctionné… mais plutôt pour sa symbolique. Lyon est redevenu humain dimanche dernier et comme tout être humain, le septuple champion de France a le droit de craquer.

La phrase : « Vous pouvez le marquer. Vous pourrez confirmer à l’arbitre que Vincent Planté n’a pas amené de piles ni de cailloux et encore de moins de balles de tennis dans son short. Quand Vincent a donné les piles, les pierres et les balles de tennis, l’arbitre lui a dit qu’il pouvait donner ça directement au délégué mais qu’il devait avoir la certitude que ça venait bien des tribunes. Voilà… donc je confirme que Vincent Planté n’est pas venu avec des piles, des cailloux et des balles de tennis dans son short. Attention, je dissocie bien la victoire de Marseille avec le comportement de l’arbitre. Moi, je veux bien aider les arbitres mais bon, à un moment donné, il faut être cohérent » (Franck Dumas, entraîneur un brin cynique du Stade Malherbe de Caen).

Alix Dulac