
Le douloureux apprentissage de Dassier

Marseille n'est pas un club comme un autre. Jean-Claude Dassier l'apprend tous les jours. - -
Moins de trois mois après son arrivée aux commandes, Jean-Claude Dassier, qui n’a visiblement pas encore assimilé tous les codes du microcosme phocéen, vient de subir un bizutage à la mode marseillaise. A l’origine de ces soubresauts médiatiques, des propos tenus lors d’une réunion interne le 9 septembre et révélé mercredi soir par le site Internet de La Provence. Lors d’un discours devant les salariés du club, Jean-Claude Dassier affirme qu’il « ne serait pas un président à la libanaise, ni à l'africaine ». Ces paroles plus que maladroites mettent immédiatement le feu aux poudres.
Pape Diouf, qui est en train de négocier de confortables indemnités de départ, se sent visé. Il sort de sa réserve et contre-attaque. Il se dit « profondément heurté ». La polémique gonfle au fil des heures. Dassier se justifie et reconnaît une part de maladresse. « J'ai parlé de méthode de gouvernement et pas de couleur de peau, cela n'a rien à voir avec le racisme », se défend-il. Pourtant, l’affaire fait tâche d’huile. Et déborde même sur le terrain politique. Hier, deux élus du MoDem marseillais ont condamné les paroles employés. Côté supporter, même si on goûte le bon début de saison, on juge « très choquant » ces propos.
Au sein du club, on n’assiste pas pour l’instant à un lâchage en règle. Mais Dassier a déjà commis quelques erreurs de débutant. La nomination de son ami Dominique Grimault, Parisien bon teint, à la tête du pôle médias a du mal à passer. Par ailleurs, il n’a trouvé un pied-à-terre à Marseille que très récemment. Jusque-là sa « Marseillitude » n’a jamais été évidente… Surtout lorsqu’il affirme qu’il aurait « peut-être dit oui à Paris » si l’occasion de prendre la présidence s’était présenté.
« Procès en sorcellerie »
Autre dossier plus que délicat, ses relations exécrables avec la Provence, le tout-puissant quotidien local, sur fond de conflit économico-sportif. Une normalisation paraît indispensable. Or, son communiqué d’hier ne risque pas d’apaiser les tensions : « Jean-Claude Dasssier, président de l’OM, n’a pas l’intention de participer au procès en sorcellerie ouvert par La Provence et pas davantage de polémiquer avec Pape Diouf, alors qu’il a eu, depuis son arrivée à l’OM, l’occasion de dire bien au contraire le bon travail que Pape Diouf a fait à la tête du club. Il s’agit d’une affaire montée et inventée de A à Z qui n’a ému personne au sein de l’entreprise et qui ne mérite que le dédain pour ses auteurs. »
Hier, lors d’un point presse, Didier Deschamps, présent lors de la réunion en question, n’a pas voulu commenter le sujet. « Les commentaires de mon président ne me regardent pas », déclare-t-il. Les joueurs ne montent pas plus au créneau pour défendre un président sur le gril. Stéphane Mbia affirme même ne pas être au courant de la polémique.
Une chose est certaine, le président olympien est isolé au sein de son propre club. Didier Deschamps n’apprécie pas ses maladresses. Et pour cause, elles remettent en cause son travail quotidien et le prive d’une sérénité nécessaire. L’actionnaire, lui, se tient volontairement en retrait. Jusqu’à quand ?