RMC Sport

Le football français doit-il faire sa révolution ?

Jérémy Toulalan

Jérémy Toulalan - -

Après la déferlante de buts (dix-huit en quatre matches) cette semaine lors des quarts de finale aller de la Ligue des champions, la Ligue 1 apparait terriblement terne. A qui la faute ? Les acteurs du championnat livrent leurs réponses.

Les téléspectateurs ont été gâtés cette semaine. Entre mardi et mercredi, ils ont assisté à une avalanche de buts lors des quarts de finale aller de la Ligue des champions. En quatre matches, les filets ont tremblé à dix-huit reprises. Sans compter une pléiade d’occasions franches. De quoi faire pâlir les habitués de la Ligue 1. Lors de la dernière journée de championnat, seuls dix-sept buts ont été inscrits… en dix rencontres ! Un fossé abyssal qu’il va falloir combler au plus vite. « Il faut se remettre en question, reconnait Jean Tigana, l’entraîneur de Bordeaux. Au niveau de la formation et des entraîneurs, il y a des choses à revoir techniquement. Il ne faut pas négliger le côté physique. Mais c’est vrai qu’en voyant le jeu pratiqué par l’Espagne et Barcelone, ça perturbe un peu. »

A force de trop miser sur la puissance physique et la science tactique, les clubs français ont adopté un visage peu séduisant. Voire carrément ennuyeux parfois. « C’est lié à la tradition de chaque pays, assure Jussiê, le milieu de terrain des Girondins. En France, on donne beaucoup d’importance au côté défensif. Ça vient des centres de formation. C’est dû à une façon de travailler. Et ça se ressent au niveau professionnel. » Une situation qui interpelle l’ancien joueur de Cruzeiro. « Au Brésil, les jeunes jouent tous dans la rue, poursuit-il. Avant de rejoindre un centre de formation, ils apprennent à dribbler et à réaliser certains gestes techniques. Ils vivent pour ça. Là-bas, on ne donne pas beaucoup d’importance aux défenseurs. C’est un jeu tourné vers l’avant. Si on gagne 5-4, c’est très bien. Peu importe si on en encaisse quatre, du moment qu’on gagne. » Illustration la plus marquante, à tous points de vue, la prestation du latéral brésilien de Barcelone, Dani Alves, une nouvelle fois buteur face à Donetsk (5-1). 

Tigana : « On perd nos meilleurs attaquants tous les ans »

Casanova, le coach de Toulouse. Le problème, c’est qu’elles n’ont pas les stars que peuvent avoir le Real ou le Barça. Les joueurs spectaculaires et décisifs sont chers. Et les clubs de Ligue 1 n’ont pas les moyens de les attirer. » Un avis partagé par Francis Gillot. « Quand un entraîneur demande de jouer offensivement, ça ne concerne pas que les attaquants, remarque l’entraîneur de Sochaux. Ça englobe aussi les milieux et les défenseurs. Il faut pour ça avoir des joueurs capables de le faire. Et ça coûte cher. » Beaucoup trop cher pour des clubs marqués à la culotte par la DNACG (le gendarme financier du football français). « Les plus grandes équipes ont des effectifs de très haut niveau, appuie Tigana. Tous les postes sont doublés. Ici, on perd nos meilleurs attaquants tous les ans. Donc on est obligé de jouer comme ça. » Pas forcément. La preuve avec le LOSC. En tête de L1, les joueurs de Rudi Garcia allient beau jeu et efficacité. Même chose pour Schalke 04. Sans disposer d’un budget faramineux, les Allemands sont en passe d’atteindre les demi-finales de la Ligue des champions avec la manière. Peut-être des exemples à suivre…