Lens joue avec le feu

Gervais Martel - -
La scène a fait le tour de la toile : on y voit le capitaine lensois Yohan Démont en venir aux mains avec Nenad Kovacevic lors de la déroute à Sochaux il y a quinze jours (3-0). Symbole de la crise dans laquelle s’enfonce le Racing, Démont en a perdu son brassard cette semaine. L’entraîneur Jean-Guy Wallemme a tranché dans le vif. Désormais, c’est un pour tous : quand il y a un retardataire à l’entraînement, ce sont les autres qui payent l’amende, histoire de responsabiliser tout le monde… et de culpabiliser les fautifs. Toujours 19e de L1 avec à peine cinq points dans l’escarcelle, le club artésien est au bord du gouffre. « Etre dans une telle position, ça sert tout le monde (sic), tempère le président Gervais Martel. De toute façon, on ne peut plus avancer masqué. Les conneries, on les a faites. »
Quasiment inchangé depuis trois ans, le groupe lensois est aujourd’hui usé. Sept joueurs sont en fin de contrat (Ramos, Kovacevic, Akalé, Roudet, Keita, Runje, Doumeng) et certains semblent démotivés. Autre symbole de cette crise profonde, le désamour de plus en plus prononcé des supporters lensois pour leur équipe. Ils étaient moins de 30 000 lors de la réception du PSG (0-2) alors qu’en temps normal, une telle affiche se serait disputée à guichets fermés. « Ne pas faire le plein contre Lille et le PSG, c’est quand même relativement inquiétant, relève Didier Decoupigny, président du « 12 Lensois », la plus grosse section de fans du club. Les supporters ne sont plus combatifs. On a l’impression de se prendre une douche froide permanente. On s’est déjà ennuyé à Bollaert. Là, on s’énerve. »
La rénovation de Bollaert menacée ?
Signes de cet énervement : la boulette de papier envoyée sur l’arbitre de touche lors du derby contre Lille (1-4) ou la grève des chants observée contre Sochaux (0-3). « La défaite, on l’accepte, poursuit Decoupigny. Mais si on voit contre Rennes des joueurs inconsistants sur le terrain, il y aura peut-être des mouvements d’humeur symboliques, mais non-violents. »
A tous les étages, la maison lensoise est prête à craquer. Plombée par quelques gros salaires (plus de 100 000 euros par mois) et une dette de 10 millions d’euros, Lens doit absolument se ressaisir. Pour Gervais Martel, une descente en Ligue 2 ne signifierait pas la mort du club, mais elle serait très problématique, notamment en vue de la rénovation du Stade-Bollaert (qui devrait coûter 100 millions d’euros) et de son éligibilité pour l’Euro-2016. « Il reste un obstacle à franchir, reconnaît le dirigeant artésien. On doit le faire tous ensemble. On s’en est sorti à chaque fois, dans des conditions beaucoup plus difficiles qu’aujourd’hui. Mais il faut que tout le monde soit avec nous, même si je sais que ce n’est pas facile en ce moment. » L’union sacrée. L’an passé, en novembre, elle avait permis au Racing de redresser la barre et de finir 12e. Bis repetita ?