Les chantiers de Bielsa à l’OM

Marcelo Bielsa - -
Quels cadres conserver ?
De nombreux joueurs cadres sont sur le départ. A Bielsa de les convaincre de rester... ou de les remplacer. Il y a d'abord les joueurs devenus indésirables comme Rod Fanni et Saber Khalifa. L'OM ne compte plus sur eux et ne sera pas gourmand, pourvu qu'ils soient vendus. Il y a aussi les joueurs indécis. C'est le cas d'André Ayew et André-Pierre Gignac, auxquels il reste un an de contrat. Si l'OM était d’accord pour un transfert, l’Argentin aura son mot à dire et pourrait demander à les conserver. Enfin, il y a les plus anciens, qui font visiblement la saison de trop à l'OM. Mathieu Valbuena compte sur une belle Coupe du monde pour séduire un grand club. Steve Mandanda a besoin d'un autre challenge pour retrouver un peu de motivation. Les deux devraient partir. L'enveloppe ne sera pas immense pour les remplacer et Bielsa devra recruter malin pour trouver leurs successeurs, même si l’actionnaire, Margarita Louis-Dreyfus, a l'habitude de faire un petit geste quand un nouveau technicien débarque à Marseille. A lui d'être persuasif avec la patronne...
Le péril jeune
Vincent Labrune a été séduit par Marcelo Bielsa car le technicien de 58 ans n'a pas peur de partir de loin avec des jeunes aux qualités physiques et techniques intéressantes, mais avec lesquels un gros travail reste à effectuer. Avec Mendy, Lemina, Imbula et Thauvin, tous recrutés l'été dernier mais en difficulté cette saison, l’ex-entraîneur de Bilbao est servi. En plus l'OM, qui ne roule pas sur l'or, devrait recruter encore des joueurs en devenir cet été. Comment la jeune génération va-t-elle accueillir les méthodes de travail du caractériel Bielsa, jugé ultra perfectionniste, répétitif (capable de faire répéter des exercices des dizaines ou des centaines de fois à l'entraînement) mais aussi très novateur ? Le choc des cultures vaudra le détour dès la reprise de l'entrainement fin juin.
Un environnement à apprivoiser
« Quand Bielsa arrive dans un club, il veut tous les pouvoirs sportifs. » Cette confidence d’un fidèle adjoint de l’Argentin a le mérite d'être claire. Un grand coup de balai pourrait avoir lieu au sein du club marseillais. De la formation à la cellule de recrutement, en passant par le staff marseillais, l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste veut tout savoir. Tout maîtriser. L'influence de José Anigo, dont l'avenir reste incertain, sera donc mise à mal. Pendant que Bielsa sera en place, son prédécesseur ne retrouvera pas son poste de directeur sportif, c'est une évidence. A Bielsa d'imposer sa poigne et ses méthodes, dans un club pas tout à fait comme les autres. Même défi avec les supporters marseillais. L’Argentin part avec une très forte cote de popularité, avant même d'avoir commencé sa mission. Les fans olympiens, désabusés ces derniers temps, espéraient un technicien de haut niveau. L'attente est donc immense. Et le challenge passionnant : Bielsa sera l'entraîneur de l'OM qui inaugurera le nouveau Stade-Vélodrome, couvert et flambant neuf, avec ses 67000 sièges. Passion ou pression ? A lui de conquérir le cœur des Marseillais, comme avait su le faire le Belge Eric Gerets (2007-2009), dernier entraîneur étranger à s'être assis sur le banc phocéen.
Concurrencer le PSG et Monaco
Vincent Labrune les appelle les deux clubs « hors taxico ». Le PSG et ses millions venus du Qatar. L'AS Monaco et ses euros venus de Russie. Une concurrence quasiment déloyale pour l'OM et son budget qui avoisinera les 100 millions d’euros la saison prochaine. Le défi de Marcelo Bielsa est donc de construire, à moindre coût, une force collective capable de contrarier les stars parisiennes et monégasques pour atteindre, au minimum, la troisième place, qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Le charisme de l'Argentin, son palmarès, ses méthodes novatrices, ses conférences de presse de 3 heures, ses coups de gueule sur la pelouse, sa capacité - qui sait - à attirer de grands joueurs sur la Canebière, vont en tout cas permettre à l'OM de rester encore l'un des grandes attractions de la Ligue 1. Alors que Marseille était gagné par le désamour et l'indifférence, Bielsa va attirer les médias et les spectateurs. Ce sera déjà le premier défi réussi d’ « El Loco » (le fou), que l'on surnomme déjà à Marseille, « Bielsa... le Fada ! »
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