Ligue 1: pourquoi l'OM a besoin de souffler

Marseille reste sur deux résultats négatifs - la défaite à Strasbourg (1-0) et le match nul contre Angers (1-1) - et la dernière soirée de vendredi, au Vélodrome, a laissé transparaître beaucoup de signes de nervosité. Éric Di Meco s’en est même ému ce lundi, dans l’émission Rothen S’enflamme sur RMC: "Je me demande si, dans l’entourage de l’équipe, il ne faut pas être plus calme…", s’est interrogé l’ancien joueur de l’OM. "Cette nervosité est peut-être contagieuse ou communicative."
Di Meco regrette "une nervosité contagieuse"
Sur la pelouse, Neal Maupay en a fait les frais. C’est le revers de la médaille quand on a un fort caractère, que l’on assume un style un brin provocateur et que l’on a une motivation décuplée tellement le challenge olympien semble attirer l’ancien Niçois. Vendredi, les deux cartons jaunes étaient apparus très sévères, certes, donnant au sein de l’OM la sensation désagréable que l’arbitre a voulu compenser le carton rouge direct à l’encontre du défenseur angevin. Mais il est évident que Maupay s’était vite fait repérer, dès l’attroupement et les tensions qui ont suivi la faute de Lilian Raolisoa, et l’attaquant marseillais l’a payé au prix cher.
Balerdi, un capitaine trop excité?
Y avait-il un capitaine à bord pour appeler tout le monde à la sérénité dans les rangs olympiens? C’est peut-être une autre piste qui explique, parfois, la nervosité ambiante dans les rangs de l’OM: Leonardo Balerdi, qui a hérité du brassard de capitaine cette saison, n’est pas le dernier à aimer les petites frictions, et il a gagné depuis belle lurette le statut de joueur particulièrement surveillé par le corps arbitral. Le défenseur argentin, par sa bienveillance dans le vestiaire ou sa maîtrise du français et de l’espagnol, est un fédérateur au sein du groupe. Son ancienneté et sa grinta ont fait de lui un candidat légitime pour devenir capitaine. Mais savoir ramener le calme est aussi le rôle d’un leader. Gérer ce nouveau statut, et cette envie de ne pas décevoir qui l’anime depuis sa prolongation de contrat, sera l’un de ses prochains défis, à son retour de sélection.
Le style De Zerbi demande du caractère
Roberto De Zerbi insiste beaucoup, avec son groupe et en conférence de presse, sur cette notion de leadership et de caractère. L’entraîneur italien, très investi dans sa mission olympienne, hyperactif à l’entraînement ou dans sa zone technique, sûr de "sa grosse voix", comme il le confie parfois avec le sourire, est aussi très exigeant avec ses hommes. "Il le dit sans souci, il ne pense que football", confirme un intime du groupe. "Il faut de la personnalité et un maximum de concentration pour qu’il y ait du répondant et que les joueurs appliquent ses principes de jeu. Ce n’est pas toujours évident de garder cet influx nerveux sur chaque rencontre." Quelques trous d’air sont donc possibles, même si 'RDZ' veut lutter contre ce manque de régularité, lui qui considère que les équipes qui ont des hauts et des bas "sont des équipes de m…", mot qu’il n’avait pas osé prononcer entre le match de Lyon et celui de Strasbourg.
Obligation de résultats et nerfs à vif
De Zerbi se sait attendu. Vendredi soir, l’Italien assurait qu’il n’était pas du genre à demander du temps, tout en reconnaissant que l’apprentissage de sa méthode, surtout avec autant de nouveaux joueurs, ne se ferait pas en un claquement de doigts, une évidence que personne nie et qui devrait justement forcer l’OM à relativiser ce coup d’arrêt. Marseille se met la pression. Les réactions en tribune pendant le match contre Angers - avec un Pablo Longoria déchaîné, révolté ou stressé, selon l’évolution du match – en sont une autre illustration. Le président olympien vit les matchs avec passion, ce n’est pas une découverte. Lui et son conseiller Medhi Benatia, qui sont des passionnés et qui sortent d’un mercato intense, ont aussi une obligation de résultats, vis-à-vis de l’actionnaire et des supporters. Les nerfs seraient donc à vif, ce qui expliquerait aussi cette volonté de ne rien vouloir laisser passer, notamment les décisions arbitrales jugées défavorables à l’OM.
Cataldo: "Il ne faut pas exagérer! On est troisième du championnat…"
Marseille est pourtant sur le podium de Ligue 1. Beaucoup de recrues, de Rulli à Greenwood, en passant par Hojbjerg et Rowe, ont déjà montré leur talent. Les autres n’ont pas dit leur dernier mot et la saison ne fait que commencer. Globalement, ce coup de chaud de début octobre ne remet pas en cause les choix de l’été, les dirigeants en sont persuadés. Comme un monde à l’envers, dans un club où la pression descend parfois des tribunes, certains supporters veulent même calmer le jeu, tel Christian Cataldo le leader des Dodgers: "Il ne faut pas exagérer! On est troisième du championnat, si on nous avait dit ça en juin quand on n’avait pas d’entraineur et qu’on ne savait même pas quels joueurs on allait garder et recruter… On a 14 points sur 21 possible, ce n’est pas ridicule. Tout le monde doit rester tranquille."