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Mercato : Gignac, le feuilleton est loin d'être terminé

L'avenir de Gignac reste flou.

L'avenir de Gignac reste flou. - AFP

Partira, partira pas ? Entre un Gignac qui affiche ses envies d'ailleurs en Italie mais qui promet, en France, que la priorité reste l'OM, et son Président, Labrune, qui fait la sourde oreille et laisse le temps passer, le suspense n'a pas fini de durer concernant l'avenir du buteur marseillais. Décryptage d'un dossier à plusieurs inconnues.

Gignac peut attendre Bielsa longtemps...

Après avoir fait comprendre dans la presse italienne, qu'il s'était fait à l'idée de quitter l'OM en fin de saison, André-Pierre Gignac a nuancé ses propos juste après les matches contre Lorient et Metz, en affirmant qu'il liait son avenir à celui de Marcelo Bielsa. Une sortie médiatique qui a fait sourire au sein de la direction de l'OM.

« C'est uniquement de la com' », observe un dirigeant marseillais. Décryptage : cette déclaration a pour le N°9 de l'OM un double effet. D'abord, Gignac dresse quelques louanges à Bielsa. Dans le cadre des bonnes relations avec son entraineur, et au cas où le technicien argentin devait donner son avis à Labrune sur l'avenir de Gignac, une telle marque d'affection ne pourra pas faire de mal. Ensuite, en cas d'offre d'un grand club européen qui ne se refuserait pas, Gignac pourra toujours expliquer aux supporters olympiens qu'il lui aura fallu prendre une décision, et qu'il ne pouvait pas se permettre d'attendre que l'avenir de Bielsa soit clarifié.

Car Gignac le sait : lier son avenir à celui de Bielsa est un peu peine perdue. Bielsa, comme il l'avait fait à Bilbao, ne devrait pas se prononcer sur son avenir avant la fin du championnat. Pour un joueur de 29 ans, qui s'apprête sûrement à signer son dernier gros contrat, il est très risqué de patienter jusqu'au mois de mai pour assurer son avenir et signer son prochain contrat.

D'ailleurs, questionné ce vendredi en conférence de presse, Bielsa n'a apporté aucune réponse claire : « Nous, les entraîneurs, notre stabilité est relative et il est difficile d'assurer que nous allons rester à un endroit pendant longtemps ! » Même Labrune navigue à vue concernant l'avenir de Bielsa. Le flou risque de durer encore quelque temps.

Poker menteur

Gignac et son agent, Jean-Christophe Cano, se savent en position de force. A partir du mois de janvier, APG, qui restera à l'OM jusqu'à la fin du championnat, peut signer où il le souhaite pour la saison prochaine. C'est pour cette raison que le représentant de Gignac a décidé de passer la vitesse supérieure et d'afficher récemment les qualités de son "poulain", notamment en Italie, où plusieurs clubs suivent de près les performances du buteur de l'OM. Le mode opératoire des prochains mois est assez clair pour Gignac et son agent. Les deux hommes se laissent jusqu'au printemps pour être fixés rapidement quant à l'attractivité de Gignac dans les grands championnats européens.

D 'ici là, le N°9 de l'OM en saura peut-être plus sur l'avenir de Bielsa et une éventuelle qualification de son club en Ligue des champions. C'est le sens de la déclaration de Gignac, hier, au Canal Football Club : « Je me donne jusqu'à la fin de saison pour prendre ma décision. » Et d’ajouter : « Ma priorité reste l'OM ». On n'est pas obligé de croire, car le salaire reste l'élément clé de la réflexion de Gignac, qui attend des propositions des grandes écuries européennes, avant pourquoi pas de revenir faire les yeux doux à Vincent Labrune.

Le boss olympien a confirmé à RMC Sport qu'il ne faisait du dossier Gignac qu'une histoire de gros sous : « Sportivement, la question ne se pose pas : je prolonge Gignac, nous a confié le Président de l'OM. Il est quand même à 12 buts en 17 matches ! Et même avec la qualité de Batshuayi, on ne peut pas fonctionner avec un seul avant-centre. Si on perd Gignac, cela m'obligera quoi qu'il arrive à acheter un autre attaquant. Donc, l'enjeu n'est que financier.» Et la limite maximale serait fixée, selon nos informations, à 200.000 euros par mois.

En attendant, Vincent Labrune espère aussi prendre les joueurs en fin de contrat à leur propre piège. Si la perspective de signer libre peut parfois sembler attrayante - avec une prime à la signature intéressante et une marge de négociation plus importante pour négocier un salaire - plus la fin de saison arrive, plus la peur du vide et de la blessure peut ressurgir chez un joueur qui ne sait pas dans quelle équipe il évoluera la saison suivante.

Pas le moment de parler transfert

Un autre paramètre explique le gel des négociations entre l'OM et Gignac, dans le cadre d'une éventuelle prolongation de contrat. Le contexte n'est pas forcément favorable... Les affaires judiciaires liées aux transferts n'encouragent pas, c'est le moins que l'on puisse dire, Vincent Labrune à accélérer les discussions.

Le Président de l'OM a, logiquement, décidé de prendre un peu de recul, du moins momentanément, avec le monde des agents. Cela tombe bien. La perspective d'un mercato hivernal très plat (seuls Nkoulou et Ayew iront à coup sûr à la CAN, peut-être Dja Djédjé) n'incite pas Labrune à s'activer dans le sens des arrivées. Et aucun joueur n'a pour le moment fait part au Président de velléités de départ. Labrune remarque que « quand on joue pour l'équipe leader de L1, soudainement, les envies de partir se sont plus rares ».

Le Président de l'OM ne se fait d'ailleurs plus d'illusions depuis longtemps sur les cas Gignac et Ayew, persuadé au fond de lui que l'attrait pour un gros contrat passera bien avant l'amour du maillot, et un peu agacé d'entendre le contraire lorsque ses joueurs sont face aux caméras et micros.

Labrune, lui, ne fera pas de surenchère dans les médias. L'heure n'est donc pas aux dossiers transferts, promet-il : « Nous sommes hyper concentrés sur le championnat et notre place de leader. Je n'ai pas envie de polluer la saison avec des spéculations et des déclarations autour de mes joueurs. Il n'y a aucun sujet sur aucun joueur! ». Si Gignac et Ayew (les deux grosses valeurs marchandes de l'OM en fin de contrat, NDLR) ont soudainement des envies de prolongations, la porte du bureau présidentiel reste bien évidemment ouverte...

Florent Germain à Marseille