Montpellier dans un autre monde

Olivier Giroud et Younès Belhanda - -
Un chèque de plus de 40 M€
Pour « Loulou » Nicollin et ses Pailladins, ce titre de champion, c’est le pactole. Le trophée Hexagoal que les joueurs et leur entraîneur René Girard ont présenté à la foule, place de la Comédie ce lundi après-midi, vaut de l’or. Comme l’explique Pascal Perri, consultant RMC Sport, « la Ligue 1 apportera 18,2 millions d’euros de droits télé la saison prochaine. S’y ajouteront entre 2 et 4 millions calculés sur le bilan des cinq dernières saisons et sur une prime de notoriété ». A ce stade, le MHSC pourra compter sur une somme estimée entre 20 et 22 millions. La Ligue des champions sera une autre poule aux œufs d’or. Grâce à la revalorisation obtenue par l’UEFA auprès d’Al-Jazira et Canal+, « Montpellier obtiendra a minima, c'est-à-dire au bénéfice de sa participation pour les six matches de poules, 22 millions. Si Lille, 3e du Championnat, reste à la porte du tour préliminaire, la prime montera à 27 millions. Lors de la phase de groupes, la victoire rapportera 980 000 €, le match nul 450 000 € », poursuit l’économiste. Au bas mot, les Héraultais peuvent ainsi tabler sur un gain de plus de 42 millions d’euros. Pour un club dont le budget 2011/2012 était de 36 M€ (39 M€ avec les primes), la culbute est spectaculaire.
Garder les joueurs, une priorité
Heureusement pour Montpellier, le titre avait été envisagé depuis que l’équipe de René Girard s’est installée dans le fauteuil de leader au printemps. De quoi anticiper les turbulences à venir lors du mercato estival, car il y en aura. Si les contrats d’Ait-Fana, Saihi et Estrada ont été revalorisés, les discussions se poursuivent concernant le capitaine du MHSC, Mapou Yanga-Mbiwa et Younès Belhanda. Le premier dispose d’un an de contrat, et a obtenu un bon de sortie de la part de Girard, mais ne quittera pas le Languedoc-Roussillon à moins d’une offre autour de 5-6 M€. Des clubs de Premier League se sont montrés intéressés. Le second est courtisé par de nombreux clubs européens (Inter Milan, Manchester City) et en France, le prince héritier Tamim bin Hamad Al-Thani, le propriétaire du PSG, ne jure que par le Marocain. Face à cet intérêt, la petite perle montpelliéraine ne sait plus trop où donner de la tête. A suivre. Olivier Giroud ne connait pas ces états d’âme. Le meilleur attaquant ex-aequo de L1 (21 buts), appelé chez les Bleus pour la préparation à l’Euro, est courtisé par l’Atletico Madrid, le Bayern Munich et Arsenal. Sa clause libératoire (12 M€) ne devrait pas faire obstacle à un départ programmé.
Du côté des arrivées, Montpellier ne fera pas de folies. Le club est sur l’attaquant cap verdien du Havre, Ryan Mendes, mais Lille est également sur les rangs. Gaëtan Charbonnier, le milieu d’Angers (Ligue 2), est aussi dans le viseur. La direction a annoncé que les salaires ne dépasseraient pas les 150 000 € mensuels, niveau plancher pour un club comme Paris, mais qui représentent toute fois près de quatre fois le salaire moyen en Ligue 1 (40 000 €). Montpellier devrait continuer à sortir des Saihi, Stambouli et Cabella, des joueurs issus de la pépinière du centre de formation. Ce qui a fait la force du nouveau champion, en rupture totale avec le Montpellier « Valderrama » des années 80. « Ce qu’a réalisé Montpellier, c’est merveilleux, s’est félicité Laurent Blanc, le sélectionneur des Bleus à Clairefontaine, en souvenir de ses huit saisons passées dans l’Hérault. C’est un club très jeune, qui a bien évolué, qui a basé sa politique sur sa formation. Ça prouve qu’en France, et pratiquement qu’en France, un club peut être champion en s’appuyant sur sa formation. » Une trajectoire qui ne devrait pas être abandonnée.
La leçon lilloise
Le titre de champion de France remporté par le LOSC la saison passée n’a pas été une mince affaire à gérer pour le staff nordiste. Rudi Garcia a dû faire face à une hémorragie de départs qui ont expliqué le retard à l’allumage cet automne, notamment en Ligue des champions. Pas moins de huit joueurs ont quitté les rangs lillois entre l’été et la trêve hivernale : Dumont, Gervinho, Rami, Cabaye, Sow, Obraniak, Emerson, Frau… De quoi faire dire à l’entraîneur que cette saison, ponctuée d’une troisième place qualificative pour le tour préliminaire de la C1, fut « éprouvante ». « On est reparti avec un groupe changé à 50% minimum, on savait qu’il fallait travailler fort avec les nouveaux, explique Rudi Garcia. Pour faire la saison que l’on a faite, il fallait non seulement que l’ossature du groupe de l’année dernière soit là et qu’elle intègre les nouveaux mais que les nouveaux soit aussi de même valeur en terme d’état d’esprit, de valeur humaine, de don de soi. Ma fierté, c’est de voir des joueurs importants partir tout en continuant à jouer un jeu qui me plaît. »
Montpellier ne devrait pas connaître une telle vague de départs. D’ailleurs, les destinées des deux clubs ne devraient pas être comparables. Le titre de Lille est une étape dans un processus de développement qui s’appuie notamment sur son nouveau stade. Montpellier visera-t-il le podium en 2012/2013, objectif déclaré et atteint du LOSC cette saison ? « Lille est dans une stratégie industrielle, Montpellier est plus dans une logique sportive », estime Pascal Perri, laissant entendre que le plus dur commence pour le MHSC.