Mort d'Emiliano Sala: le président de Cardiff réclame "120 millions d'euros" à Nantes "et que justice soit faite"

Président Dalman, pour vous l'affaire Emiliano Sala doit permettre de revoir la réglementation sur les agents et intermédiaires...
Oui, ce tragique évènement s'est produit il y a plus d'une demi-décennie, six ans en janvier dernier pour être précis et il y a des leçons à en tirer. Si notre industrie, à savoir le football, est une industrie en pleine croissance alors elle a besoin de réglementation. Si cela avait correctement été fait, alors la tragédie qui a coûté la vie à deux personnes ne se serait jamais produite. Pourquoi avons-nous eu recours à des agents interdits d'exercice, à des vols charter non autorisés? Où est la protection pour le joueur qui a été laissé à la merci d'un intermédiaire ou d'un agent? Je pense que ce serait une occasion de perdue si l'industrie ne se penchait sur cet évènement tragique et n'en tire pas les conséquences. C'est la raison pour laquelle j'insiste avec tant de conviction sur l'examen de cette question.
Comment changer les choses?
C'est un processus qui doit se faire du haut vers le bas, non pas l'inverse. La réglementation doit venir de la FIFA. Cette tragédie doit être un catalyseur pour changer les réglementations. Vous savez, la City de Londres a connu en 1987 un big-bang dans la façon de faire des affaires dans le monde financier. Elle est devenue plus transparente, plus compétitive, plus équitable. Pourquoi ne pas avoir le même big-bang dans le sport en particulier dans le foot?
Que réclamez-vous au FC Nantes?
Je pense que le montant total des frais juridiques liés à cette affaire s'élève à environ 120 millions d'euros, c'est donc le montant que nous demandons en termes de compensation.
Nantes est, pour vous, responsable du décès d'Emiliano Sala?
Le Cardiff City Football Club a confiance dans la justice française pour déterminer qui est responsable des circonstances de cette tragédie.
Vous vous êtes basé sur des études statistiques, permettant notamment de chiffrer un manque à gagner de 53 millions d'euros en l'absence d'Emiliano Sala dans votre effectif, avez-vous fourni ces études au tribunal?
Oui.
Pensez-vous que ces calculs sont véritablement fiables?
Ce n'est pas un chiffre balancé comme ça, en l'air. C'est quelque chose que nous avons calculé. Si nous n'avions pas été relégués cette saison-là, nous n'aurions pas eu les problèmes financiers que nous avons rencontré. Ces 53 millions viennent d'un calcul interne du directeur financier du Cardiff City Football Club. Chaque année, quand vous conservez votre rang en Premier League, vous remportez 110 à 120 millions d'euros. Cette somme a été mise en péril quand nous avons été relégués pour deux points. Nous avons pris un attaquant qui était le deuxième meilleur attaquant du championnat français quand nous l'avons signé donc ce qu'il avait à faire c'était d'apporter une très petite contribution et notre statut en Premier League aurait été conservé. Nous avons demandé à une société indépendante d'examiner la probabilité d'une relégation avec et sans la participation d'Emiliano Sala donc je pense que c'est un chiffre réaliste et sur lequel nous allons nous appuyer.
Quelle est votre relation avec les proches d'Emiliano Sala?
Personnellement? Je n'en ai pas. Mais si vous me demandez quelle est la relation entre le club et notre équipe juridique, elles sont très bonnes. Mais vous savez, lorsque cet évènement tragique s'est produit, nous avons été les seuls à nous manifester et à dire que nous devrions créer un fonds familial pour lui. Nous avons appelé tout le monde pour y participer mais à ce jour, aucune contribution n'a été versé en dehors du capital initial que nous avons investi et nous avons apporté ce que nous considérons être contribution substantielle. Que ce soit joueurs, clubs ou institutions, personne n'a participé. Je trouve ça décevant et contrariant pour être honnête. Mais nous allons continuer à faire pression sur les gens pour qu'ils apportent leur contribution.
Pour une question d'éthique, de mémoire également, les proches ou la famille du joueur vous ont-ils demandé d'en finir avec cette bataille juridique?
Je n'ai reçu aucun message de ce type de la part de qui que ce soit. J'aurais plutôt pensé le contraire, qu'ils ont perdu leur fils et aimeraient voir les choses s'améliorer pour que cela n'arrive pas à quelqu'un d'autre.
Comprenez-vous que c'est aussi difficile pour la famille et les supporters de voir que six ans après le décès de leur proche ou de leur attaquant, le combat juridique continue?
Je suis d'accord avec tous ces points. Je pense qu'il est difficile pour la famille, pour l'industrie et pour le club de laisser éclater la vérité mais nous voulons la démontrer. Vous avez aujourd'hui un processus qui est en place. La France n'est pas mon pays mais c'est un pays que je respecte. Je ne travaille pas souvent ici mais nous respectons vraiment le processus judiciaire qui se déroule et c'est une occasion en or pour nous de présenter notre dossier. Plutôt que d'essayer de se cacher derrière nos émotions, nous devons faire connaitre notre point de vue de manière à ce que ce soit le plus clair possible.
Vous êtes-vous entretenu avec le président Kita récemment?
Je n'ai jamais rencontré le président Kita, jamais.
Le souhaiteriez-vous?
Pas particulièrement.
Qu'attendez-vous des prochaines audiences?
120 millions... Mais si vous me demandez ce que j'attends réellement, c'est que justice soit faite. Oubliez les chiffres le temps d'une seconde, regardez ce qu'il s'est passé, regardez la manière dont cela s'est passé. C'est une mort inutile, évitable mais qui a eu lieu. On veut que ce genre de choses ne se reproduise plus.